Maltraitance animale : le Royaume-Uni interdit l'exportation d'animaux vivants et l'Australie fera de même en 2028

Au Royaume-Uni, après une longue campagne portée par les conservateurs, le Parlement vient d'interdire toute exportation d'animaux d'élevage vivants. L’Australie, qui exporte énormément de bêtes et notamment des moutons, annonce qu'elle va l'interdire dans trois ans.
Article rédigé par franceinfo - Emeline Vin, Grégory Plesse
Radio France
Publié
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Moutons dans un camion, au Royaume-Uni. Photo d'illustration (BLOOMBERG CREATIVE / BLOOMBERG CREATIVE PHOTOS)

Au Royaume-Uni, une loi interdisant l'exportation d'animaux vivants était une promesse du gouvernement depuis 2017. Le texte doit juste recevoir l’assentiment royal, ce qui relève d'une formalité, avant d’entrer en vigueur. L’Australie est un poids lourd en matière d’élevage. Or le ministre de l'Agriculture vient également d'annoncer une interdiction prévue dès 2028.

L'Australie, premier exportateur mondial de moutons

L’Australie exporte énormément d’animaux vivants, puisqu’elle est le premier exportateur mondial de moutons, en particulier en direction des pays musulmans, vers l’Indonésie voisine mais aussi vers le Moyen-Orient. Le Koweit, à lui seul, importe la moitié des quelque 600 000 moutons vivants vendus par l’Australie chaque année. Ce marché atteint tous les ans son pic à la fin du mois du ramadan, à l’occasion de l’Aïd, où la tradition veut que pour l’occasion, on sacrifie un mouton.

L'activité a néanmoins été perturbée ces derniers mois par les troubles causés par les rebelles houthis en mer Rouge. Il y a eu notamment le cas d’un navire israélien avec à son bord 15 000 moutons vivants. Après 15 jours de traversée, il a dû faire demi-tour, puis est resté au large de l’Australie pendant encore une semaine. Il attendait que les autorités approuvent son plan de secours, à savoir un périple de 33 jours pour faire tout le tour du continent africain. Ce plan a finalement été refusé par les Australiens, qui ont contraint les propriétaires du navire à faire débarquer les moutons. Les autorités estimaient que l’armateur n’était pas en mesure de les assurer du bien-être des bêtes et d’ailleurs, on estime que plusieurs centaines d’entre elles sont mortes, dans une chaleur insoutenable.

Si ces exportations d’animaux vivants sont un business très important pour l’Australie, le gouvernement a annoncé qu’il comptait les interdire à partir de 2028. La nouvelle a été annoncée, il y a moins d’une semaine, par le ministre de l’Agriculture, en promettant d'allouer environ 60 millions d’euros pour aider les éleveurs à s’adapter à cette nouvelle réalité. La décision a été saluée par les associations de défense des animaux, qui réclament cette interdiction depuis des années. En revanche, elle a été très mal prise par les éleveurs. Rien qu’en Australie occidentale, le gouvernement local estime que 400 emplois pourraient disparaître. Quant à l’opposition conservatrice, elle s’est déjà engagée, s’ils reviennent au pouvoir l’an prochain à l’issue des prochaines élections fédérales, de revenir sur cette interdiction.

Au Royaume-Uni, un combat de longue haleine

En Grande-Bretagne, la fin de l'exportation d'animaux vivants concerne notamment les cochons, les chevaux, les vaches, les moutons et les chèvres. Le Royaume-Uni exporte des milliers de bêtes par an, jusqu’à un million dans les années 90, soit pour les engraisser, soit pour les abattre. Les conservateurs au pouvoir promettaient depuis 2017 cette loi, très populaire dans le pays. Depuis près d’un demi-siècle, les associations comme la RSPCA, l’équivalent de la SPA en France, dénoncent les conditions de transport, dans des espaces hyper restreints, mal ventilés, avec des jeunes séparés de leur mère. Elles dénoncent aussi la longueur des trajets – parfois plusieurs jours. Les défenseurs du bien-être animal se réjouissent donc de cette loi tant attendue, pourtant ils auraient voulu qu’elle aille plus loin, en interdisant, par exemple, l'élevage de poules en cage, ou la fin des importations de fourrures et de foie gras.

Comme souvent sur les sujets liés à l’agriculture, les conservateurs mettent en avant que cette loi a pu voir le jour grâce au Brexit. Jusqu’à sa sortie de l’Union européenne, le Royaume-Uni était obligé de maintenir ses exportations, au moins vers les autres pays du bloc. Sept ans après, les bénéfices du Brexit restent rares, et les élections qui doivent se tenir d’ici la fin de l’année s’annoncent compliquées pour le gouvernement.

Cependant, il n’est pas certain que ce soit une victoire sur tous les points. Les éleveurs craignent que l’arrêt des exports ne les place encore plus à la merci de la concurrence étrangère. Et puis, la loi ne s’appliquera qu’en Grande-Bretagne, pas en Irlande du Nord, toujours soumise aux règles douanières européennes.

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