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Législatives en Italie : qui sont les alliés de Giorgia Meloni aux Pays-Bas, en Autriche et en Espagne ?

Dans le club des correspondants, franceinfo s'intéresse à l'actualité vue depuis l'étranger. Ce mardi, direction La Haye, Vienne et Madrid où plusieurs partis d'extrême droite espèrent profiter du succès de la cheffe de Fratelli d'Italia.

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 Thierry Baudet (FvD) et Geert Wilders (PVV), lors d'un débat à La Haye (Pays-Bas), le 23 août 2022. (BART MAAT / ANP MAG)

Avec la victoire de Giorgia Meloni aux élections législatives italiennes, la droite souverainiste européenne commence à rêver d'un renouveau. Le Premier ministre hongrois Viktor Orban et son homologue polonais Mateusz Morawiecki ont d'ailleurs été les premiers à féliciter la leader de Fratelli d'Italia. Mais ils ne sont pas les seules figures de l'extrême droite au sein de l'UE à se féliciter du choix des électeurs italiens. Exemple aux Pays-Bas, en Autriche et en Espagne. 

Aux Pays-Bas, l'extrême droite à deux têtes

Au Pays-Bas, les deux dirigeants des partis qui siègent à l'extrême droite de la deuxième chambre des États généraux à La Haye se félicitent de voir leur courant de pensée au centre de l'actualité européenne. D'un côté, Thierry Baudet, dirigeant du FvD Forum for Démocratie, évoque une victoire magnifique. Il a republié une photo le montrant avec Giorgia Meloni. La cheffe de Fratelli d'Italia préside d'ailleurs le Parti des conservateurs et réformistes européens, dont le FvD est membre. 

De l'autre côté, Geert Wilders, chef de file du PVV, le Parti pour la liberté, qui siège au Parlement européen avec le RN dans le même groupe que la ligne de Matteo Salvini. Geert Wilders s'exclame d'abord "Viva Italia!" Puis "Bye bye Ursula", en référence à la présidente de la Commission européenne. Ce sont évidemment les positions de Fratelli d'Italia et de ses alliés en faveur du retour de la souveraineté italienne au sein de l'Union, qu'applaudissent d'abord Thierry Baudet et Geert Wilders.

La mouvance qui va aux Pays-Bas, de la droite dure à l'extrême droite en passant par le populisme, a une longue histoire qui remonte surtout aux années 70. Mais elle a d'abord engrangé des succès électoraux depuis les années 2000 en capitalisant sur le thème de l'immigration. D'abord avec Pim Fortuyn, dont le slogan était "Le pays est plein". Il a depuis été remplacé par Geert Wilders très hostile à l'immigration musulmane aux Pays-Bas et qui partage avec Thierry Baudet une vision de l'Europe constituée d'États nations. Wilders a d'ailleurs fait partie d'une coalition gouvernementale il y a dix ans, même s'il ne participait pas au gouvernement lui même.

Il y a 18 mois, ces deux partis ont engrangé à eux deux près de 16 % des voix lors des dernières législatives. Et les derniers sondages montrent un accroissement de la popularité de Geert Wilders. 

Le FPÖ autrichien espère un retour en grâce

En Autriche, l’extrême droite a déjà été au pouvoir, plusieurs fois même. La dernière fois, c’était en 2017 : le FPÖ s’était alors allié aux conservateurs pour gouverner. Cette coalition défendait une ligne dure sur l’immigration et avait adopté plusieurs mesures qui avaient fait polémique dans le pays mais aussi en Europe. L’expérience avait pris fin en 2019 après le retentissant scandale de corruption de l’ibizagate qui visait le chef du FPÖ, Heinz-Christian Strache. Dans une vidéo tournée en caméra cachée à Ibiza, le vice-chancelier d'extrême droite se montrait prêt à se compromettre avec un intermédiaire russe, en échange de financements. Il avait dû démissionner, la coalition s’était effondrée et le FPÖ en avait été durablement affaibli. 

Mais ces derniers mois, le FPÖ semble retrouver des couleurs. À en croire les récents sondages, le FPÖ est de nouveau au-dessus des 20% d’intentions de vote, en deuxième ou troisième position selon les enquêtes. Son nouveau chef, Herbert Kickl, a d’ailleurs clairement affiché ses objectifs lors du congrès du parti il y a un peu plus d’une semaine : "Je veux diriger ce parti ces trois prochaines années sans faire de compromis, dans l'intérêt de l'Autriche, et notre objectif est clair : gouverner dans les régions et à l'échelon fédéral. Nous y sommes prêts !"

L’Autriche doit élire son président le 9 octobre prochain et pour l’instant c’est l’écologiste Alexander van der Bellen, actuel président, qui fait figure d’ultra-favori, loin devant l’extrême droite. Le FPÖ fonde certainement plus d’espoirs dans les élections législatives, qui permettent de désigner un chancelier. Mais les prochaines ne sont, à ce stade, prévues qu’en 2024. Si la progression du FPÖ est indéniable dans les sondages, celle-ci ne s’est pas encore concrétisée dans les urnes lors d’une élection nationale. 

En Espagne, l'extrême droite minée par des querelles internes

Il y a trois ans le parti de l’extrême droite espagnol Vox avait obtenu 52 députés dans un Parlement qui compte 350 sièges. Il a donc connu un essor assez impressionnant mais dernièrement il est pris dans une dispute interne. Un conflit autour du sort d’une femme qui était jusque-là l’une de leurs figures politiques et médiatiques.

Macarena Olona a été parachutée en Andalousie aux élections régionales de juin dernier, un combat perdu d’avance. Et quand elle a demandé à rentrer à Madrid, on lui a dit non. Ont suivi des échanges tendus par voie de presse. Jusqu’à ce qui ressemble à un divorce définitif, prononcé par un cadre du parti, Ivan Espinosa de los Monteros : "Au vu du mal qu’on nous cause à travers elle, ce que nous pouvons dire c’est que, définitivement, on est arrivé à la fin du chemin". Réponse quasi immédiate de Macarena Olona : "Est-ce que c'est la fin du chemin ? Non. Ce n’est que le début. Et si à un moment donné, je ne souhaite pas que cela arrive, Vox cessait d’être une alternative, alors évidemment je me tiendrais prête et je ferais un pas en avant." Bonne ambiance.

Au-delà de la querelle personnelle, l'expérience vécue par Macarena Olona révèle un problème plus profond pour l’extrême droite espagnole, un problème électoral. Cette crise, la plus spectaculaire depuis les premiers succès du pari, se produit alors que le parti a reconnu ne pas avoir atteint ses objectifs en Andalousie. Et les sondages au niveau national ne sont pas meilleurs.

Les élus de Vox le reconnaissent en off. Si un scénario de bloc des droites à l’italienne est envisageable en Espagne, ce ne serait pas, aujourd’hui en tout cas, pour porter un représentant de l’extrême droite à la tête du gouvernement, mais pour que Vox apporte ses voix à un exécutif dirigé par la droite traditionnelle. 

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