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Guerre en Ukraine : les relations économiques de l'Autriche et de la Grèce avec la Russie

Tous les jours, le club des correspondants décrit comment un même fait d'actualité s'illustre dans deux pays.
Article rédigé par franceinfo, Angélique Kourounis - Isaure Hiace
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6 min
Drapeaux Grecs et Autrichiens à l'occasion d'une rencontre entre les deux chefs de gouvernements en 2015. Photo d'illustration. (WASSILIOS ASWESTOPOULOS / NURPHOTO)

La guerre en Ukraine n'empêche pas certains pays d'avoir encore des contacts économiques étroits avec la Russie. L'Autriche par exemple n'a pas coupé les ponts avec la Russie, surtout en matière de gaz. Avant la guerre, l'Autriche importait 80 % de son gaz de Russie. Cette part a logiquement diminué après l'invasion russe. Mais depuis décembre 2022, elle a de nouveau atteint 71 %. Pourtant, le gouvernement autrichien s'est donné pour objectif d'en être totalement indépendant d'ici 2027. Or, le contrat qui lie le géant russe Gazprom à l'entreprise énergétique autrichienne OMV court jusqu'en 2040, sans possibilité d'en sortir. Même le gouvernement ne connait pas les détails de cet accord, selon le chancelier autrichien. De quoi faire douter certains experts que l'objectif de 2027 soit atteint.

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Autre domaine très rentable, les banques comme la RBI la Raiffeisen Bank International toujours présente en Russie, avec des bénéfices record pour l'année 2022 de 3,6 milliards d'euros. Quelque 60 % de ces bénéfices proviennent de sa filiale russe. Si la banque a annoncé fin mars vouloir parvenir à la vente ou la scission de sa filiale russe, aucun calendrier n'a été avancé et ces deux options sont aujourd'hui difficiles en raison de la législation russe qui s'est durcie depuis le début de la guerre.

Les armateurs grecs et le pétrole russe

En Grèce, les armateurs du pays contrôlent la moitié du tonnage européen et certains sont accusés de contourner les embargos internationaux. Il faut dire que les armateurs grecs sont omniprésents sur les mers du monde avec 59 % de la flotte européenne et 21 % du tonnage mondial, dont 49 % concernent les transports de pétrole. Pour Nicolas Varnikos, armateur et président de la Chambre internationale du commerce "les armateurs grecs ne font rien d'illégal". Malgré cela l'Ukraine a dénoncé la pratique à plusieurs reprises. Elle a même publiquement accusé cinq armateurs grecs de transporter du pétrole et du gaz russe. Ils ont tous nié en bloc. Il faut savoir que le commerce avec la Russie est une tradition depuis le XIXᵉ siècle.

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Selon la presse grecque, rien qu'en avril de cette année, les armateurs grecs ont transporté 50 % du pétrole russe dans le monde. Et les routes du transport ont désormais changé, fini les itinéraires faciles comme le détroit du Bosphore. Parmi les marchandises, il y a 40% de transport par tanker, donc du pétrole et 25% de transport de gaz. Combien proviennent de Russie ? C'est encore un mystère. Il semblerait que le pétrole russe soit mélangé avec celui des pays qui eux, ne subissent pas d'embargo. ce que personne ne peut contrôler. Et quand bien même les bénéfices sont réels, les sanctions contre ceux qui violent l'embargo sont dérisoires et donc ce n'est pas prêt de s'arrêter.

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