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Guerre en Ukraine : l'Allemagne, la Suède et l'Espagne face à l'onde de choc économique

Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui direction l'Allemagne, la Suède et l'Espagne qui cherchent des solutions pour préserver le pouvoir d'achat de leurs concitoyens.

Radio France
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Une station-essence à Cologne en Allemagne, le 15 mars 2022. (OLIVER BERG / DPA)

Le Premier ministre Jean Castex présente mercredi 16 mars le "plan de résilience" promis par Emmanuel Macron. Le gouvernement prend des mesures pour aider les entreprises françaises et les ménages à faire face aux conséquences économiques de la guerre en Ukraine. Plusieurs pays européens cherchent aussi des solutions pour tenter de préserver le pouvoir d'achat. Illustration en Allemagne, en Suède et en Espagne. 

En Allemagne, des premières mesures et un plan à venir

Quelles seront les meilleures propositions pour contrer l'inflation ? Le débat en Allemagne ressemble ces jours-ci au concours Lépine. Les députés ouvrent mercredi 16 mars le débat budgétaire. Puis, ils doivent voter et confirmer dans les prochains jours les premières mesures d'urgence annoncées pendant l'hiver par la nouvelle coalition gouvernementale, à savoir une allocation chauffage pour deux millions d'Allemands parmi les plus modestes. Elle s'élèvera à une centaine d'euros pour une personne seule, à 200 euros pour une famille avec un enfant. C'est peu, disent beaucoup de députés qui réclament une hausse.

Le gouvernement avait aussi annoncé la suppression d'une taxe qui réduirait de trois centimes le prix du kilowattheure. Mais l'invasion de l'Ukraine et la flambée continue des prix poussent cette coalition à promettre davantage et donc à un deuxième train de mesures dont on peine à connaître les contours précis (hormis une aide pour remplacer les radiateurs à gaz). Le ministre de l'Économie, l'écologiste Robert Habeck promet d'en dire plus dans les prochains jours.

Mais avec un carburant à 2,30 euros le litre, la pression est trop forte. Son collègue des Finances, le libéral Christian Lindner, n'a pas pu attendre. Le ministre a proposé dimanche dernier d'offrir une subvention aux gérants de stations-services. Ces derniers appliqueraient une réduction à leurs clients et se tournerait ensuite vers l'État pour obtenir compensation. Selon Christian Lindner, cette mesure permettrait une baisse immédiate et substantielle de 40 centimes d'euros par litre de carburant. Mais la proposition aurait été formulée un peu trop vite. La presse allemande rapporte un certain agacement chez le chancelier Olaf Scholz.

En Suède, des aides pour protéger le pouvoir d'achat 

Le pays n'est pas loin non plus du record en ce qui concerne l'essence. Le gouvernement social-démocrate a dévoilé lundi 14 mars un plan de protection du pouvoir d'achat. Ce plan de 1,3 milliards d'euros prévoit notamment 400 millions de diminution de taxes sur les carburants. Concrètement, cela va se traduire par une baisse du prix d’environ 13 centimes par litre. Cette enveloppe va également financer une prime de 100 à 150 euros pour les propriétaires de voiture, dont le montant va varier en fonction de la région de résidence. Par ailleurs, 400 millions d'euros seront consacrés aux aides pour l’achat d’un véhicule électrique. 

Avec ce plan, le gouvernement suédois prévoit également d'augmenter les allocations logement, d'abaisser les taxes sur l’électricité au centre et au sud du Suède, où le prix du Kilowattheure est le plus élevé. Mais ces mesures n'entreront en vigueur qu’au mois de juin. 

Pourtant, le gouvernement sent la colère monter, une mobilisation commence à s'organiser sur les réseaux sociaux. D'où l'élaboration de ce plan d'aides, assez hors du commun dans ce pays est connu pour ses politiques d’austérité. La Suède n'a pas l'habitude de creuser les déficits budgétaires, même si elle a fait une exception pour la crise du Covid-19. Et désormais pour faire face aux conséquences économiques de la guerre en Ukraine. Toutefois, le ministre suédois des Finances Mickael Damberg a lui-même montré les limites de son plan : il permettra d’atténuer les effets les plus dramatiques de l’inflation, mais selon lui, cela ne suffira pas à compenser toutes les hausses de prix.    

En Espagne, priorité à la lutte contre l'inflation

Des organisations de transporteurs routiers ont appelé à cesser le travail lundi 14 mars pour protester contre la hausse des prix des carburants. Ils restent moins chers qu'en France car ils sont moins taxés en Espagne. Mais les prix sont suffisamment élevés pour susciter la colère. Les camionneurs estiment qu'ils travaillent à perte. Le mouvement n’a pas bloqué le pays mais a suscité des problèmes de circulation et d’approvisionnement localisés. Puis, les agriculteurs espagnols sont aussi très remontés à cause également de la hausse des prix des carburants, mais aussi de ceux des engrais ou encore des fourrages pour les éleveurs. Des manifestations seront organisées le week-end du 18 mars. 

Le président du gouvernement Pedro Sánchez a annoncé un plan national pour éviter une "spirale inflationniste”. Les prix ont augmenté de 7,4% en février, du jamais-vu dans le pays depuis 1989. Les mesures sont encore floues. Le gouvernement espagnol exclut de mettre en place une "remise à la pompe", comme cela a été décidé en France. En revanche, il veut jouer sur les taxes. Les agriculteurs qui vont bénéficier de réductions d'impôts et de charges sociales. Cela représentera un manque à gagner de 450 millions d'euros pour les finances publiques.

 

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