Cet article date de plus de deux ans.

Défense : l’Allemagne fait-elle cavalier seul en Europe ?

Berlin l’annonce en pleine guerre en Ukraine : l'Allemagne va consacrer à sa défense un budget en forte hausse cette année. Le Parlement doit en débattre dans les prochains jours.

Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Un avion de chasse F-35 survolant la Maison Blanche, le 12 juin 2019. (ERIC BARADAT / AFP)

Un budget de 50 milliards d’euros:  un record jamais atteint outre-Rhin. L'Allemagne a confirmé vouloir dépenser dès 2022 de fortes sommes pour son armée, sur fond de guerre en Ukraine, afin d'atteindre les 2% du PIB préconisés par l'Otan "dans les prochaines années", selon un projet de budget dévoilé lundi. 50 milliards en Allemagne, donc, à quoi s’ajouteront des fonds exceptionnels de 100 milliards constitués dès cette année mais mis de côté pour être utilisés plus tard, en cas de besoin. Cela s’appelle des provisions budgétaires pour faire face en cas de coup dur.  En France, nous sommes aux alentours de 41 milliards pour le même portefeuille.

Un budget en constante augmentation

À titre de comparaison, il y a quatre ans, la première économie de la zone euro avait consacré "seulement" 39 milliards à sa défense. Depuis, la cagnotte militaire allemande ne cesse d’augmenter, au point de dépasser ce que recommande l'OTAN. Le gouvernement de coalition post-Merkel qui réunit désormais sociaux-démocrates, écologistes et libéraux continue de s'éloigner de la sacro-sainte règle de rigueur budgétaire à travers laquelle Berlin s’interdisait d’emprunter plus de 0,3% de son PIB chaque année. Il va falloir aussi financer les mesures de soutien à l’économie pour atténuer les effets de la guerre en Ukraine.

Qu’en pensent ses partenaires européens ?

Certains pays, comme la France, estiment que Berlin fait cavalier seul à l’heure où la question est plutôt de renforcer les moyens pour créer une défense commune européenne. Cerise sur le gâteau, l'Allemagne vient d’annoncer qu’elle allait remplacer une partie de sa flotte d’avions de chasse Tornado par des F-35 américains, concurrents du Rafale de Dassault et alors que l’Europe prépare son propre avion furtif, le Scaf (Système de combat aérien du futur). Les F-35 sont les seuls avions autorisés par les États-Unis à embarquer des charges nucléaires au sein de l’OTAN. Berlin assure qu'elle coopérera à ce projet mais pour l'instant donne vraiment l'impression de privilégier ses intérêts. Cela fait pour le moins désordre dans le contexte actuel qui appelle plus que jamais une Europe unie et soudée.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.