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Gaz russe : ces pays en Europe qui ne peuvent pas s'en passer et négocient avec Moscou

Certains pays ne peuvent pas se passer du gaz russe. Pour éviter que le robinet ne soit complètement coupé, la Hongrie, la Bulgarie et la Serbie ménagent Moscou.

Article rédigé par franceinfo - Florence La Bruyère, Damien Vodenitcharov, Laurent Rouy
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Le géant russe Gazprom fait planer le doute sur l'approvisionnement en gaz à de nombreux pays européens.  (NIKOLAY DOYCHINOV / AFP)

Alors que Gazprom va suspendre complètement ses livraisons de gaz au groupe français Engie à partir de ce jeudi 1er septembre, certains pays plus proches de la Russie redoutent ce scénario. Ceux qui ne peuvent pas se passer de ce gaz russe préfèrent alors discuter avec Moscou. Exemples avec la Hongrie, la Bulgarie et la Serbie. 

La Hongrie défend Moscou et protège son gaz

Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a condamné la guerre en Ukraine, mais il a toujours défendu le point de vue de Moscou, en bloquant notamment l'embargo européen sur le pétrole russe. Pour le moment, cette stratégie fonctionne et le pays reçoit tout le gaz dont il a besoin. Ces derniers mois, la Hongrie a cepndenant reçu à certains moments un peu moins de gaz que prévu du gazoduc Nord Stream. Il y a eu des pauses dans les livraisons, pour des raisons de maintenance, selon les Russes. La Hongrie a pu compenser ces baisses provisoires, grâce au gaz qui arrive par le TurkStream. Un gazoduc qui passe par la mer Noire et traverse la Bulgarie et la Serbie, et qui fournit à la Hongrie la moitié du gaz importé de Russie. La Hongrie est donc moins dépendante du Nord Stream que d’autres pays européens.

Ce gazoduc TurkStream est cependant alimenté par le gaz russe, donc la Hongrie reste dépendante de Moscou. Le gouvernement de Viktor Organ ne semble pas faire grand-chose pour réduire cette dépendance. Au contraire, il signe de plus en plus de contrats avec Gazprom. Il faut dire que la majorité des familles hongroises se chauffent au gaz, et la Hongrie consomme chaque année 10 milliards de mètres cubes de gaz, 85 % de ce gaz vient de Russie. A long terme, la Hongrie pourrait réduire sa dépendance en développant l’énergie solaire et la géothermie. Mais le gouvernement base toujours sa politique énergétique sur le gaz russe.

La Bulgarie cherche à rétablir le dialogue avec Gazprom

La Bulgarie est totalement dépendante de la Russie pour les livraisons de gaz naturel, et Sofia a récemment changé de cap. Après avoir refusé tout compromis avec Gazprom, le gouvernement du Premier ministre Kiril Petkov a dû démissionner en juin après une motion de censure. En avril, Moscou avait décidé d'arrêter les livraisons de gaz. Un gouvernement provisoire a été nommé par le président Roumen Radev. Sa seule fonction est normalement d'organiser des législatives anticipées, mais il a aussi rapidement pointé du doigt le gouvernement précédent et l'a accusé d'avoir semé le chaos dans le secteur de l'énergie. Il se dit désormais prêt à s'asseoir à la table des négociations avec Gazprom pour trouver un terrain d'entente dans le cadre de l'accord que le groupe russe a rompu en avril. 

Dans le pays, il y a donc un affrontement politique entre le camp pro-occidental et le camp pro-russe. Un affrontement à coup de promesses gazières et de rhétorique. L'ancien Premier ministre Kiril Petkov voulait commander du gaz liquéfié à des entreprises américaines et finir la construction d’un gazoduc gréco-bulgare qui permettrait d'acheter du gaz à l' Azerbaïdjan. Dans le camp pro-russe, il y a le Parti socialiste, pourtant partenaire de coalition de Kiril Petkov, mais aussi le président Roumen Radev. Il y a enfin les partis nationalistes qui vont encore plus loin et veulent que la Bulgarie sorte de l'Otan. 

En Serbie, l'incertitude malgré l'absence de sanctions

Le secteur énergétique serbe est très imbriqué avec l’économie russe, au point que les Européens avaient consenti à des exceptions aux sanctions contre Moscou pour ne pas mettre la Serbie à l'arrêt. Le secteur énergétique serbe est majoritairement aux mains de la Russie depuis 2008 et la vente de Yugopetrol à Gazprom. Les Russes fournissent gaz et pétrole aux Serbes, mais possèdent aussi la majorité de leurs raffineries, des centaines de pompes à essence ou encore des parts dans les infrastructures gazières. 

Pourtant, l'approvisionnement n'est pas complètement garanti. Un important contrat gazier est arrivé à échéance en mai. Le président serbe avait obtenu de Vladimir Poutine un renouvellement pour trois ans. Le ministre des Affaires étrangères russes Sergueï Lavrov devait signer le contrat à Belgrade en juin, mais son avion avait interdiction de survoler les pays voisins de la Serbie. La signature n'a donc pas eu lieu

En août, le ministre serbe de l'intérieur, un pro-russe notoire, s'était rendu à Moscou sans doute en lie avec ces questions énergétiques. Depuis, sans savoir exactement pour quelle raison, le président serbe appelle à faire des économies d’énergie en prévision de l'hiver, tout en assurant qu'il n'y aura aucun problème.

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