Face au Covid-19, la position des religieux au Vatican, en Israël et en Egypte
Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières. Aujourd'hui, direction l'Egypte, Israël et l'Italie où les autorités religieuses se sont plus ou moins saisies de la question de la crise sanitaire.
Alors que les catholiques manifestent en France pour retrouver la messe, interdite par les mesures sanitaires pour lutter contre le coronavirus, qu'en est-il ailleurs ? Direction le Vatican, en Italie, Israël et l'Egypte.
Au Vatican, le pape a tardé à donner l'exemple
Si le chef de l'église catholique s'est maintes fois exprimé sur la pandémie, il ne suit pourtant pas toujours ce qu'il dit. Le pape François ne porte un masque que depuis un mois par exemple. Jusque là, il ne l'avait porté qu'une seule fois, début septembre, mais très peu de temps, avant une audience générale. Désormais, lorsqu'il apparaît en public, il porte un masque, blanc bien sûr. Il a changé d'avis le 20 octobre dernier à l'occasion d'une rencontre inter-religieuse à la mairie de Rome. Le lendemain, il s'est adressé aux fidèles lors de l'audience générale en leur expliquant qu'il ne pourrait plus s'approcher trop près d'eux mais qu'il était proche d'eux avec son cœur. Depuis qu'il avait repris les audiences générales en présence de fidèles début septembre, on sentait qu'il ne pouvait pas s'empêcher de descendre tout près des fidèles, saluer tout le monde, serrer même les mains des prélats ou caresser la tête des enfants.
Mais comment justifie-t-on cela au Vatican ? Eh bien, on ne le justifie pas ! Aucune raison officielle, le pape fait ce qu'il veut, même si pourtant depuis début octobre un décret au Vatican impose le port du masque à l'intérieur comme à l'extérieur et bien sûr la distanciation physique. Selon certains, le masque gêne le pape, on lui a enlevé une partie d'un poumon. Mais c'est aussi un homme qui aime sa liberté ! Et si il ne donnait pas l'exemple jusque-là, il ne cessait jamais de répéter qu'il fallait respecter scrupuleusement les consignes sanitaires. De toutes façons, depuis 15 jours maintenant, le pape a renoncé non sans mal à ses audiences en présence des fidèles qui ne peuvent pas non plus participer aux messes à la basilique Saint-Pierre. En Italie en revanche, les messes sont autorisées, même dans les zones confinées.
En Israël, les communautés ultra-orthodoxes moins respectueuses des gestes barrières
Direction Jérusalem. La semaine dernière, dans le centre commercial du quartier religieux Romema, tous les commerçants ultra-orthodoxes avaient ouvert leurs boutiques alors que les grands centres commerciaux sont fermés depuis la mi-septembre, il y a eu des prières clandestines dans les synagogues, et le mois dernier, les écoles religieuses ont été rouvertes alors qu'elles n'y avait pas été autorisées. Des comportements qu'il ne faut pas généraliser cependant, car tout dépend des consignes données par chaque rabbins. Dans certaines communautés, les gestes barrières sont respectés, mais pour d'autres, tomber malade c'est la volonté de Dieu et donc il faut s'y plier. Parfois, certains même ne reconnaissent pas l'Etat d'Israël car il n'a pas été fondé par Dieu.
N'oublions pas enfin que le Premier ministre israélien a besoin des députés religieux dans sa coalition. "Il ne peut pas se fâcher avec eux et même on peut dire que d'une certaine manière les orthodoxes aussi ne veulent pas de fâcher avec Benjamin Netanyahu, explique Daniel Haik, éditorialiste pour la chaîne i24 et ancien rédacteur en chef de la revue Hamodia, proche des milieux orthodoxes. Benjamin Netanyahou a imposé le reconfinement de cette seconde vague sur l'ensemble de la population uniquement pour ne pas avoir à cibler délibérément la communauté ultra-orthodoxe. Benjamin Netanyahou fait tout pour conserver, dans l'hypothèse d'une prochaine élection, ce fameux bloc orthodoxe-droite nationaliste." Selon une enquête du journal Haaretz, la police "fait semblant" d'intervenir dans les écoles ultra-orthodoxes. Une indulgence "décidée en haut lieu", écrit le journal. Malgré tout, le taux de contaminations chez les religieux a beaucoup baissé depuis le reconfinement mi-septembre.
En Egypte, des mesures de prévention pour éviter une nouvelle fermeture des mosquées
Direction l’Égypte. C'est au Caire que se trouve l’université Al-Azhar, la plus haute référence de l’islam sunnite. Quelle est la position adoptée par Al-Azhar sur le coronavirus ? Pas de position officielle. Depuis le début de cette deuxième vague, le grand imam ne s’est pas exprimé. Mais Al-Azhar, par la voix de son centre d’études islamiques, met à profit son influence pour lutter contre la propagation du virus. Ce centre a lancé la semaine dernière une campagne intitulée "Ta santé c’est ta responsabilité". Elle se déploie sur les réseaux sociaux. Au programme : des séminaires en ligne, des vidéos et des vignettes pour illustrer comment appliquer les gestes barrières. Tout cela dans une logique de prévention. Car, à ce stade, ici, la courbe des contaminations commence à peine à grimper.
L’Égypte est au début de cette deuxième vague. Mais des mesures ont toutefois été déjà prises concernant les mosquées. Le gouvernement s’est ainsi engagé à désinfecter régulièrement les mosquées. Il a également mis en place la semaine dernière de nouvelles mesures préventives. Désormais, les mosquées n’ouvriront qu’aux seules heures de prière afin d’éviter des rassemblements prolongés. Jusqu’à présent, les musulmans pratiquants ne se plaignent pas de ces contraintes. Ils espèrent surtout qu’elles évitent la fermeture totale des mosquées, comme cela avait été le cas au cours de la première vague. Leurs portes, comme celles des églises d’ailleurs, étaient restées closes pendant plus de cinq mois.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.