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Dix ans après la catastrophe de Fukushima, l'énergie nucléaire est-elle toujours utilisée au Japon, en Allemagne et en Italie ?

Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se passe ailleurs dans le monde. Direction le Japon, l'Allemagn et l'Italie pour voir les conséquences de la catastrophe de Fukushima sur la production d'énergie nucléaire dans ces pays.

Article rédigé par franceinfo - Karyn Nishimura, Nathalie Versieux et Bruce de Galzain
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6min
La centrale nucléaire Fukushima Daiichi (de TEPCO) vue depuis la côte de la ville de Futaba, le 10 mars 2021, à la veille du 10e anniversaire de la catastrophe nucléaire. (KAZUHIRO NOGI / AFP)

En mars 2011, l’un des accidents nucléaires les plus graves de l’histoire survient au Japon. La catastrophe de Fukushima a des conséquences mondiales, et pose la question de la production nucléaire dans beaucoup de pays. Dix ans après, où en est l'énergie nucléaire au Japon, en Allemagne et en Italie.

Au Japon, l'énergie nucléaire est encore utilisée mais faiblement

Le gouvernement du Japon n’a pas abandonné l’énergie nucléaire malgré l’accident de Fukushima. Si de nombreux japonais se posent la question, il y a plusieurs explications. Tout d'abord, le Japon avait choisi le nucléaire dans les années 1960-1970 pour les mêmes raisons que la France : l’absence de ressources naturelles et la dépendance aux pays du Moyen-Orient pour ses approvisionnements énergétiques notamment en pétrole ou gaz. Le nucléaire était censé être synonyme d’autonomie et d’autosuffisance. Pour les dirigeants actuels, ces raisons n’ont pas changé malgré l’accident de Fukushima et s’y ajoute aussi désormais un autre motif bien connu, l’injonction de réduire les émissions de carbone, ce que doivent permettre en théorie les centrales nucléaires.

En moyenne depuis dix ans, depuis l’accident de Fukushima, seulement 3% de l’électricité du Japon est d’origine nucléaire, parfois même 0%, donc il est possible de s’en passer. Mais pour que ce soit le cas, il est vrai que les centrales à charbon turbinent. Toutefois, ce n’est pas irrémédiable. Par exemple, Naoto Kan, le Premier ministre au moment de l’accident répète souvent que les besoins en électricité du Japon peuvent être couverts par les énergies renouvelables, et qu'il faut investir massivement dedans, tout doit être mis en œuvre pour cela. Selon lui, il est illusoire d’imaginer relancer massivement les réacteurs dans l’archipel, sur le plan économique, trop cher, et sur le plan politique, trop coûteux.

En Allemagne, la volte-face d'Angela Merkel à l'époque de Fukushima

C'est l'une des décisions les plus contestées de sa carrière politique. En mars 2011, Angela Merkel décrétait la sortie de l'Allemagne du nucléaire en 2022. Dix ans plus tard, les blessures sont encore vives. La chancelière est connue pour prendre des décisions prudentes et lentes, et avec le nucléaire, c'est une véritable volte-face car Angela Merkel figurait, au début de sa carrière politique, dans le camp des pro-nucléaires. Sa priorité, elle qui avait été la ministre de l'Environnement d'Helmut Kohl, était la fermeture des centrales à charbon, particulièrement polluantes. En 2010, elle était même revenue sur la décision de son prédécesseur Gerhard Schröder de fermer toutes les centrales nucléaires du pays d'ici 2020. Elle a donc finalement cédé face aux pressions d'une opinion marquée par un fort mouvement anti-nucléaire depuis les années 1970.

Sur les 17 centrales que comptait le pays à la veille de Fukushima, six sont encore en activité et fermeront d'ici 2022. Mais l'indemnisation des producteurs d'électricité a traîné. La semaine dernière seulement, le gouvernement a annoncé que l'Etat verserait 2,4 milliards d'euros aux quatre géants de l'électricité pour la fermeture de leurs centrales. Le gouvernement Merkel a depuis également décrété la fermeture des centrales à charbon d'ici 2038. Le pays entend devenir un acteur central sur le marché des énergies renouvelables. Mais les détracteurs de la chancelière craignent que le pays ne doive rapidement importer le courant nucléaire ou à base de charbon produit par ses voisins français et polonais.

En Italie, le pays ne produit pas d'électricité nucléaire

Les catastrophes nucléaires ont beaucoup refroidi les Italiens. Après Tchernobyl en 1986, les Italiens décident l'année suivante par un référendum de la fermeture définitive de leurs quatre réacteurs. Sauf que la flambée des cours du pétrole modifie la donne, et en octobre 2008 Rome annonce qu'il va construire de nouvelles centrales. Deux ans plus tard, la localisation des huit futures centrales est définitivement actée, les chantiers doivent débuter en 2013. Mais en 2011 survient la catastrophe de Fukushima. En quelques mois, un deuxième référendum est organisé, il annule toute ambition nucléaire italienne. L'Italie est le seul pays du G8 à ne pas avoir de centrales nucléaires.

Le résultat est que l'Italie est dépendante de ses voisins pour s'approvisionner en électricité. Même si le pays consomme moins d’énergie que la moyenne des membres de l’Union européenne, il importe énormément. Il est même l'un des premiers importateurs mondiaux d'électricité. L'Italie va acheter 15% de son électricité consommée à l'étranger et surtout en France grâce au parc nucléaire français. Mais toutes énergies confondues, l'Italie dépend à 76% de l'extérieur (chiffres de 2016). Un chiffre qui est énorme, c'est 30% de plus que la France. Le pays s'est donné l'objectif de passer à 64% de dépendance énergétique d'ici 2030, et l'Italie table pour cela sur une forte croissance des énergies renouvelables et sur l'efficacité énergétique.

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