Crise climatique : le Canada et le Brésil durement frappés par le feu et l'eau

Des incendies font rage dans l'ouest du Canada et des inondations monstres ont déjà fait quelque 150 morts au Brésil. Les secours sont dépassés et les deux puissances plongées dans la crise. Nos correspondants sur place décrivent la situation.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6 min
Les incendies dans l'ouest du pays contraignent des milliers de personnes à quitter leur domicile pour échapper aux flammes. (CHEYENNE BERREAULT / ANADOLU)

Après des incendies gigantesques l'été dernier, le Canada est déjà la proie de très gros feux dans l'Ouest du pays. Les habitants de certaines localités sont obligés de quitter leur maison dans le Nord et la Colombie britannique. De son côté, le Brésil fait face à des inondations à l'extrême sud du pays. Les pluies torrentielles tombées ces deux dernières semaines dans l'État du Rio Grande do Sul, une importante région agricole, ont tué quelque 150 personnes, selon un bilan toujours provisoire, et causé des destructions considérables.

Vivre avec les feux au Canada

Au Canada, les 4 000 habitants de Fort Nelson et d’un autre village où habitent des membres des Premières Nations ont dû trouver refuge à quatre heures de distance de chez eux ou encore plus au Sud. Plusieurs feux de centaines de kilomètres carrés dévastent la région actuellement. Un peu plus à l’Est, en Alberta, une partie des 68 000 citoyens de Fort McMurray situé en pleine forêt ont quitté leur résidence alors qu’un incendie important sévit dans le secteur, qui a déjà brûlé en partie certains quartiers il y a huit ans. Sans parler de la province voisine, le Manitoba, où un important incendie, allumé par la foudre, tourne autour d'un village évacué de ses résidents. 

Des incendies qui démarrent très tôt en saison. L'Ouest canadien connaît un important déficit de pluie depuis plusieurs années et des températures très largement au-dessus des normales saisonnières. Conséquence, les sols sont secs et très inflammables au printemps lorsque les arbres n'ont pas encore de feuilles. À ces conditions climatiques, s'ajoute aussi une autre raison, comme l'explique le chercheur en écologie forestière Yan Boulanger.

"Plusieurs de ces feux, qui ont brûlé beaucoup de territoires cette année, sont en fait des feux qui ne se sont jamais réellement éteints l'année passée, qui ont passé l'hiver tout simplement, sous la neige, dans l'humus, dans la matière organique."

Yan Boulanger, chercheur en écologie forestière

à franceinfo

"Et au profit de conditions qui sont maintenant très favorables au printemps, ces feux-là se sont réveillés et ont poursuivi le brûlage du territoire cette année de façon assez importante", poursuit le chercheur. Un casse-tête pour les secours, tant les feux surgissent à plusieur endroits au même moment.  

Selon les modèles climatiques, l'augmentation des températures et le manque de précipitations de l'an passé risquent encore de se reproduire cet été. Ce qui fait dire au chercheur Yan Boulanger que les Canadiens n'auront pas le choix de vivre avec les feux de forêt, particulièrement dans l'Ouest du pays. Déjà des villes et des villages plantent des végétaux moins inflammables près des habitations, et surtout les habitants se montrent plus attentifs au risque d'incendie qui peuvent survenir n'importe quand. Davantage d'efforts sont aussi investis pour aider les pompiers. Il faut savoir cependant que le Canada possède un nombre d'avions-citernes bien en dessous de ses besoins. 

Au Brésil, des secours dépassés

Le calvaire n'en finit pas non plus pour les habitants du Rio Grande do sul au Brésil. Depuis quinze jours, les inondations provoquent une destruction généralisée, avec 90% des municipalités de l’État touchées, plus de deux millions de personnes affectées et d'innombrables infrastructures détruites. 

Militaires, policiers, fonctionnaires du gouvernement, des milliers d'hommes et de femmes sont mobilisés sur place, mais les secours semblent dépassés face à l'ampleur de la tâche, et ce malgré une mobilisation sans précédent de volontaires civils. Au-delà des opérations de sauvetages, de nettoyages ou de distribution d'eaux et de nourriture, il faut aussi lutter contre les criminels qui profitent du chaos, tout en se préparant aux risques de maladies provoquées par le contact avec des eaux impropres. Le président Lula a reconnu lundi que le Brésil n'était pas préparé pour un tel désastre : "C'est une catastrophe pour laquelle on était pas préparé. On n'était pas prêt pour quelque chose de cette ampleur. On a déjà eu des inondations, mais jamais dans ces proportions. Les victimes, les disparus et même les animaux que l'on voit perdu ou souffrir, tout cela choque énormément la société brésilienne."

La gestion de la catastrophe est un test crucial pour le président brésilien. L'opposition bolsonariste le sait et divulgue de nombreuses fake news pour tenter de miner la crédibilité du gouvernement. Inquiet, Lula a réuni lundi tous ses ministres pour une réunion exceptionnelle sur le sujet et a préféré annuler un voyage au Chili pour se rendre sur place.

Dans la capitale Porto Alegre, le fleuve Guaiba semblait en décru, redonnant un semblant d'espoir aux habitants. Mais avec le retour de pluies torrentielles et des sols totalement imbibés, le niveau remonte et pourrait bien dépasser le record de la semaine dernière. Ailleurs dans l'État, le scénario est similaire et les glissements de terrain restent un risque majeur. Sans cesser totalement, les précipitations s'annoncent moins intenses d'ici à la fin de la semaine. Par contre, les températures vont chuter et les autorités doivent gérer les 600 000 personnes qui ont dû quitter leurs domiciles, dont 81 000 ont trouvé refuge dans des abris mis à disposition.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.