Brésil : après les pluies torrentielles et les inondations, l'afflux de fake news complique la tâche des secours et des autorités
Au Brésil, les inondations ont fait au moins 116 morts et plus de 140 disparus, tandis que plus d'un million et demi de personnes ont été affectées par cette catastrophe sans précédent. Le gouvernement a annoncé dix milliards de dollars pour aider l'État du Rio Grande do Sul. Mais alors que la pluie menace toujours malgré une légère baisse du niveau de l'eau, les fake news aussi font des ravages. Des plus absurdes au plus crédibles, elles gênent le travail des secours et ne cessent de se renouveler.
Visiblement fatigué, Douglas Soares, colonel de la police militaire locale, prend la parole pour démentir une série de fake news : "Nous insistons sur le fait que nous n'empêchons aucune denrée alimentaire d'être distribuée, nous insistons aussi sur le fait que nous n'exigeons pas de justificatifs pour les donations et nous n'arrêtons absolument pas les embarcations des volontaires. Tous les volontaires sur le terrain pour aider recevront le soutien de nos effectifs."
Les fausses nouvelles prospèrent au milieu du chaos, entre ceux qui en espèrent un bénéfice financier et ceux qui veulent en tirer un profit politique. L'idée centrale est que le gouvernement Lula ne fait rien, voire conspire contre une population qui gère les choses par elle-même. Sur une vidéo, un homme dans un hangar dénonce la supposée rétention de nourritures et d'eau. "Je suis entré ici sans qu'on me voie, raconte-t-il. Il y a des aliments. Il n'y a aucun volontaire ici. Regardez comme c'est absurde, il y a de l'eau en bouteilles, mais l'eau ne bouge pas d'ici."
Plusieurs enquêtes ouvertes
En réalité, tout est faux et les aliments étaient simplement stockés avant distribution. Mais rien n'y fait. Le temps de démentir ces nouvelles, d'autres apparaissent, comme la fausse information qui prétend qu'un entrepreneur lié à l'ancien président Jair Bolsonaro aurait fourni plus d'hélicoptères que le gouvernement pour venir en aide à la population.
Erreurs et problèmes logistiques existent, mais face aux fausses nouvelles qui compliquent l'action des secours sur le terrain et ajoutent de la panique à un scénario déjà confus, le ministre de la Communication, Paulo Pimenta, réagit vertement. "Je suis vraiment indigné, lâche-t-il. Il y a des gens qui travaillent 24 heures sur 24 pour sauver des vies pendant qu'une industrie de la fake news est alimentée par des parlementaires et des influenceurs qui s'efforcent de gêner ces efforts."
"Qui agit contre nous doit être traité comme une cinquième colonne, le terme que l'on utilise pour les traîtres en temps de guerre."
Paulo Pimenta, ministre de la Communicationdevant la presse mercredi
Plusieurs enquêtes ont débuté pour identifier les principaux diffuseurs de fausses nouvelles. Une initiative immédiatement critiquée par l'opposition. L'union sacrée autour de ce drame n'existe pas. La gestion de la catastrophe est un test crucial pour Lula. L'opposition bolsonariste le sait et mobilise son réseau de communication très efficace pour influencer la perception de la population sur ce sujet.
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