Covid-19 : les conséquences de la pandémie sur le système éducatif en Afrique du Sud et en Bolivie
Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui direction l'Afrique du Sud et la Bolivie, deux pays où le Covid-19 a très fortement perturbé le système éducatif.
En France, les élèves et les professeurs de la zone B regroupant les académies d'Aix-Marseille, Amiens, Lille, Nancy-Metz, Nantes, Nice, Normandie, Orléans-Tours, Reims, Rennes, Strasbourg ont repris l'école lundi 21 février. Principal changement dans le protocole sanitaire : les masques ne plus obligatoires en extérieur pour les élèves et le personnel de l'élémentaire. Direction l'Afrique du Sud et la Bolivie qui doivent faire face à des difficultés persistantes et au décrochage de nombreux élèves.
En Afrique du Sud, des milliers d'élèves ont décroché
En Afrique du Sud, on espère enfin avoir une fin d'année scolaire normale. Les élèves sont de retour à l'école à temps complet depuis février. Cela faisait deux ans que les écoles fonctionnaient sur un système de rotation pour limiter le nombre d'élèves par classe, sans compter les fermetures pendant les pics de contamination. La pandémie de Covid-19 a eu des conséquences importantes sur le réseau éducatif sud-africain. "Les pertes d'enseignement sont dévastatrices", reconnaît le ministère sud-africain de l'Enseignement élémentaire. Ce sont des heures et des heures de cours qui ont été perdues. Et plus grave encore des centaines de milliers d'élèves qui ont décroché. Un million d'élèves n'étaient pas retournés à l'école aux mois d'avril et mai 2021, selon une étude. C'est trois fois plus que d'habitude. Ce qui ne veut pas dire qu'ils ont tous abandonné l'école, mais ça décrit l'importance du décrochage.
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La mise en place de l'école à distance a été loin d'être bénéfique pour tous les élèves, principalement pour ceux qui n'avaient pas accès à des outils informatiques, à internet, à un lieu de vie où on peut travailler sans être perturbé. Il faut aussi voir l'école comme un refuge, où les élèves ont accès aux repas, à des services sociaux, à un cadre. Sorti de cette bulle, l'environnement du quotidien peut perturber la vie des ces étudiants. Pour certains élèves, avoir moins d'école, c'est déjà risquer de ne plus aller à l'école du tout.
La pandémie risque de produire une génération de jeunes adultes pas ou peu qualifiés à l'avenir. Avec ces retards éducatifs, les élèves vont arriver au lycée avec un mauvais niveau et c'est à cet échelon qu'ils abandonnent le plus. Le pays a de quoi se faire du souci. "Les statistiques nous montrent que les jeunes qui n'ont pas obtenu leur examen de fin de lycée, sont plus susceptibles d'être au chômage et d'y rester plus longtemps que leurs camarades, alerte Rahima Essop qui dirige la communication de l'ONG Zero Drop Out / Zero décrochage scolaire. Ceux qui trouvent du travail occuperont les emplois les moins qualifiés et les moins payés. Les conséquences du décrochage scolaire dépassent l'individu, elles renforcent le chômage et la pauvreté sur plusieurs générations. Le décrochage scolaire a des conséquences sociales, sanitaires et économiques. C'est tout le pays qui est touché."
C'est d'autant plus inquiétant qu'en Afrique du Sud le taux chômage des 15-24 ans atteint déjà les 66%.
En Bolivie, les cours n'ont pas encore tous repris en présentiel
Bientôt un mois que les écoliers boliviens sont retournés en classe, après les vacances d’été. Mais en réalité ils ne sont pas complètement revenus sur les bancs de l’école. Sans mauvais jeu de mot, la Bolivie est l’un des plus mauvais élèves dans le monde concernant le maintien à flot de son système éducatif. Selon des chiffres de l’Unesco c’est le deuxième pays au monde à avoir fermé ses écoles le plus longtemps, juste derrière l’Ouganda : 82 semaines en tout depuis 2020. Et cette fermeture des salles de classe a eu des conséquences terribles, notamment sur l’abandon scolaire.
On estime qu’entre 10 et 20% des élèves ont quitté définitivement l’école. Et quand en 2021 les classes ont repris, peu ou pas de moyens ont été mis à disposition des professeurs pour qu’ils puissent donner leurs cours en ligne, et du côté des familles, il n’y a parfois pas d’ordinateur à la maison, ou pas assez de téléphones pour tous les enfants, ou tout simplement pas de réseau. L’Unicef calcule une année scolaire et demie de perdue.
En matière d'éducation les choses ne sont toujours pas revenues à la normale contrairement aux transports publics, aux restaurants ou bars. Dans ces secteurs tout fonctionne normalement alors que les écoliers eux continuent à avoir cours derrière un écran, en tout cas c’est le cas pour deux millions d’entre eux, ceux qui vivent en ville, là où les pourcentages de contagion sont les plus élevés. Les cours sont organisés ou entièrement en ligne ou en semi-présentiel. Il y a beaucoup d’incompréhension de la part des parents d’élèves. Pourquoi, sous prétexte de Covid-19, l’école est-elle la dernière institution à revenir à un fonctionnement normal ? Difficile à comprendre alors que dans quelques jours aura lieu le carnaval d’Oruro qui réunira plusieurs dizaines de milliers de personnes en un seul et même endroit. Une experte de l’Unicef expliquait que "les écoles doivent être les dernières à fermer et les premières à rouvrir." C’est loin d’être le cas en Bolivie. Le ministre de l’Éducation a évoqué du bout des lèvres une possible reprise progressive en présentiel à partir du mois de mars.
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