La crise sanitaire va-t-elle accélérer la transition écologique en Chine, en Afrique du Sud ou en Italie ?
Une même actualité dans trois pays dans le monde : chaque jour dans le Club des correspondants, franceinfo passe les frontières. Aujourd'hui, nous sommes en Chine, en Afrique du Sud et en Italie pour voir si les promesses de "croissance verte" sont tenues ou non.
L'Europe semble vouloir s'engager dans une relance verte. "Aucune accélération n'est plus urgente que dans le domaine de l'avenir de notre planète fragile" a indiqué mercredi 16 septembre Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne. Mais dans le monde, tous les pays ne semblent pas sur la même longueur d'onde.
La Chine mise sur le charbon pour relancer son économie
Depuis le début de l’année, les autorités chinoises accélèrent les nouveaux projets de centrales à charbon. Au total, ces nouvelles infrastructures représenteraient une capacité de production de 40 GW, c’est l’équivalent de la production totale de l’Afrique du Sud. Déjà premier producteur et consommateur de charbon au monde, Pékin semble miser sur cette énergie polluante pour relancer son économie mise à mal par la crise sanitaire. Pourtant, les experts affirment que la demande chinoise en charbon n’a pas augmenté, mais l’ouverture de nouvelles centrales permet à la Chine de lancer de nouveaux projets publics, capables de booster le PIB national.
Ce n’est pas réellement nouveau car en réalité, depuis la signature des accords de Paris sur le climat en 2015, la Chine ne cesse d’augmenter année après année ses capacités de production. L’an dernier, Pékin a même affirmé vouloir les augmenter de 30% pour la décennie à venir. Reste maintenant à savoir quels seront les effets de cette politique et surtout, quelle sera la réaction de la population chinoise, très critique lorsqu’il s’agit de question environnementale. La qualité de l’air, dans les grandes villes par exemple, est une des premières préoccupations des Chinois et les dirigeants ont conscience que ce sujet peut devenir une source de mécontentement populaire.
En Afrique du Sud le président de la République favorable une "nouvelle économie" plus verte
Cette volonté du président sud-africain Cyril Ramaphosa reste à l’état de promesse. Le premier pollueur du continent africain a du mal à enclencher sa transition. Aujourd’hui en Afrique du Sud, plus de 80% de l’énergie sont toujours produits grâce aux centrales à charbon. Et cette électricité est fournie en quasi totalité par la compagnie publique Eskom, au bord de la faillite, qui applique régulièrement des délestages [ coupures de courant ]. Pour Gaylor Montmasson-Clair, de l’Institut de recherche TIPS (Trade and Industrial Policy Strategies), cela n’a aucun sens : " L’Afrique du Sud aurait pu être un leader sur les énergies renouvelables. (...) Il y a tous les facteurs réunis pour être un pays pionnier dans ce domaine et on est en train de rater une opportunité historique."
Le Covid-19 a retardé la mise en place d’un nouveau plan énergétique qui devrait accorder plus de place aux énergies vertes d’ici 2030 mais le charbon restera malgré tout prédominant. Il faut savoir que le "tout charbon" est soutenu par les puissants syndicats de l'industrie, qui craignent des pertes d’emplois dans le secteur si la transition est mise en place. Et il est donc très difficile politiquement pour l’ANC, le parti au pouvoir, de tirer un trait sur cette source d'énergie polluante. Les tenants des énergies renouvelables espèrent désormais que la crise du Covid-19, et la nécessité de trouver de nouvelles sources d'emplois, donneront du poids à leurs arguments. A voir si plan de relance présenté ces prochains jours par le président Cyril Ramaphosa contiendra des mesures un peu plus concrètes.
L'Italie s'engage dans une relance verte, en comptant sur le soutien financier de Bruxelles
C'est quand même le pays qui va toucher le plus d'argent de toute l'Europe alors Rome prend des engagements pour convertir son industrie. Notamment à Tarente dans les Pouilles, où l'aciérie de Mittal pollue depuis des années. Le gouvernement veut en faire l'emblème de sa politique de "green new deal" et va investir l'argent de l'État et de l'Europe pour décarboner l'aciérie. Ce n'est pas trop tôt car ce mercredi 16 septembre, une première étude spécifique sur le cas italien est publiée par le Centre euro-méditerranéen. Elle concerne le changement climatique et le scénario catastrophe est inquiétant : si rien n'est fait, la température augmentera de 5 degrés d'ici 2100 et cela coûtera 8% du PIB.
Des chercheurs estiment que "la mortalité va augmenter en raison des vagues de chaleur, des incendies, de la qualité de l'air, des inondations et finira par frapper surtout les plus pauvres ". Ils appellent les politiques italiens à une prise de conscience plus forte. Il y a déjà une prise de conscience à l'école car le climat va devenir une matière scolaire. C'était la promesse l'an dernier du ministre de l'Éducation : une heure par semaine de "développement durable" dès cette rentrée et pour tous, une première en Europe. La proposition avait même été faite au Conseil européen des ministres de l'Éducation. Sauf que le ministre a changé en janvier dernier et que le confinement est passé par là. Mais Rome assure que le processus n'est pas stoppé, et qu'il a simplement pris du retard.
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