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Covid-19 : comment la pratique du vélo s'est imposée en Belgique, en Allemagne et au Japon

Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui, direction la Belgique, l'Allemagne et le Japon où la pratique du vélo a explosé depuis la pandémie.

Article rédigé par Nathalie Versieux - Angélique Bouin, Karyn Nishimura
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6 min
Un cycliste pédale sur la piste cyclable près de l'emblématique porte de Brandenburger, dans le centre de Berlin (Allemagne), le 7 décembre 2020. (ODD ANDERSEN / AFP)

Dopée par la pandémie de Covid-19, la pratique du vélo a explosé un peu partout dans le monde. Le nombre de cyclistes est monté en flèche dans les villes, la palme étant remportée par Paris, où le nombre de personnes à vélo affiche une hausse de 66% entre 2019 et 2020. Et le mouvement est bien suivi en Belgique, en Allemagne et au Japon.

Belgique

Dans les rues de Bruxelles, le nombre de cycliste a réellement augmenté : + 64% en un an. Il y a de plus en plus de femmes et d'enfants à bicyclette dans les rues selon les données du ministère bruxellois de la mobilité, ce qui est le signe le plus évident qu'un vrai mouvement est en cours, selon son porte-parole, et qu'on s'y sent en sécurité.

En 2020, dans l'urgence du Covid, les autorités avaient créé 40 kilomètres de voie cyclables supplémentaires avec marquage au sol ou lignes de blocs de béton, en plus des 220 km de corridors déjà existants. Et ces nouvelles voies cyclables sont en train d'être pérennisées. Elles étaient déjà prévues dans un vaste plan de désengorgement de la capitale belge, parmi les plus embouteillées d'Europe, mais la pandémie a accéléré les choses. L'an dernier, les autorités avaient appelé publiquement tous les Bruxellois à sortir leurs vélos du garage plutôt que d'être trop nombreux en pleine pandémie à circuler en transport en commun, et beaucoup d'entre-eux s'y sont habitués.

Mais est-ce vraiment facile aujourd'hui de circuler à vélo à Bruxelles ? C'est plus simple qu'avant en tout cas, et il y a une dynamique évidente pour faire de l'espace aux cyclistes au détriment de la circulation automobile qui est de plus en plus contrainte. Depuis janvier, la vitesse maximale autorisée a été abaissée à 30 km/h partout, sauf sur certains grands axes. Mais ce n'est pas une ville évidente pour les deux roues, en particulier avec les rails du tramway qu'il faut apprendre à franchir. Il y a aussi ces grands tunnels qui parcourent la capitale. Traverser certaines avenues n'est pas si évident. Et même si il y a des progrès, il y a encore peu de parkings à vélo.

Allemagne

En Allemagne aussi, la pandémie de Covid-19 a entraîné un renouveau de la bicyclette. Au point que trouver un vélo est devenu une gageure. Des délais de livraison jusqu'à 20 mois et des prix en hausse : le boom du vélo se fait sentir sur les porte-monnaies. Les pièces détachées sont devenues une denrée rare, et il faut compter 10% de plus pour faire réparer son vélo, selon la fédération de la branche.

Le boom a commencé en 2020, lorsque les habitants des grandes villes ont ressorti leur vélo de la cave pour éviter la promiscuité dans les transports en commun par peur de la pandémie. Un an plus tard, l'engouement n'a pas diminué et le nombre de pistes cyclables est en hausse dans toutes les villes du pays. Cela se traduit parfois par des conflits d'intérêt entre cyclistes et automobilistes comme à Berlin où la municipalité a du un temps renoncer à une partie du réseau de pistes cyclables suite à des plaintes. Entre temps, la plupart des arrondissements s'imposent pour le vélo et contre la voiture.

Le vélo reste un moyen de déplacement dangereux. C'est l'une des conséquences dramatiques de la tendance au cycle : à Berlin, rien qu'en une semaine, cinq décès sont à déplorer suite à des accidents graves impliquant des cyclistes. Et le nombre de vols de vélo est en forte hausse. Moins de 10% des vélos volés retrouvent leur propriétaire, le plus souvent sur le net, sur les sites de vente de vélos d'occasion.

Japon

Au Japon, la société Shimano croule sous la demande de pièces de bicyclettes. Comme pour l'automobile ou les motos, l'industrie japonaise se défend extrêmement bien dans le secteur du vélo et, l'équipementier Shimano, une firme de 12 000 salariés, qui fête cette année ses 100 ans, va plus que bien, en ces temps de pandémie. "Entre le premier trimestre 2020 et le premier trimestre 2021, nos ventes ont en effet fortement augmenté, confirme un porte-parole. Du fait de la pandémie, il y a au Japon et ailleurs un nombre croissant de personnes qui, pour aller au travail ou à l'école, cherchent à éviter les bus ou trains, bref les situations de promiscuité, et en ce sens tout le secteur peut dire qu'il profite de ce regain d'intérêt pour le vélo. On n'a jamais vu cela dans le passé."

Shimano avoue que la production de pédales, roues, dérailleurs, chaînes, ou freins ne suit pas, particulièrement du fait des commandes pour les marchés étrangers, Europe et États-Unis en tête.

Mais cela va-t-il durer au-delà de l'effet pandémie ? Prudence japonaise oblige, Shimano estime que l'envolée actuelle risque de ralentir même si ses ventes devraient grimper de 20% sur l'année à environ 3,4 milliards d'euros. Il faut savoir qu'avant le Covid, son chiffre d'affaires tendait à stagner, même si la firme bénéfice au Japon d'un marché captif, celui des pièces de vélos à assistance électrique, véhicules quasi indispensables pour les mères de famille, qui n'hésitent pas à les conduire avec un, deux, voire trois enfants embarqués. Et ça pour le coup, ce n'est pas vraiment la prudence japonaise.

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