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Climat : la Chine et l'Inde peinent à réduire leur dépendance au charbon

Dans le Club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui, direction Pékin et New Delhi, deux pays qui ont pris de récentes mesures pour tenter de développer les énergies renouvelables.

Article rédigé par franceinfo, Sébastien Farcis
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6 min
Une centrale à charbon de Datong, dans la province du Shanxi (Chine), le 4 novembre 2021. (NOEL CELIS / AFP)

Fin des voitures thermiques, taxe carbone aux frontières ou encore fonds social... Les députés européens débattent, mardi 7 juin, de huit propositions du "paquet climat" visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre de l'UE de 55% d'ici 2030. Pendant ce temps-là, que font les autres pays, les autres gros pollueurs, pour réduire leur emprunte carbone ? Réponse en Inde et en Chine.

L'Inde et les limites de l'énergie solaire

L’Inde est le troisième émetteur de gaz à effet de serre du monde de manière absolue, mais avec 1,4 milliard d’habitants, chaque indien rejette en fait quatre fois moins de ces GES qu’un Européen. Le problème, c’est que ces émissions par habitant augmentent rapidement au fur et à mesure que la population s’enrichit. Le gouvernement essaie donc de contrôler cette source de pollution.

La principale source d’émission de gaz à effet de serre en Inde est le charbon. Ce minerai est utilisé pour générer les trois quarts de l’électricité du pays et les rejets de ces centrales sont responsables du tiers des émissions indiennes. L’un des principaux engagements du gouvernement indien lors de la dernière COP26 de Glasgow, en Écosse, a donc été d’augmenter fortement la part d’énergies renouvelables et nucléaires dans son mix énergétique afin qu’elles représentent 50% des capacités installées d’ici à 2030. Techniquement, cela est réalisable car l’Inde est déjà à près de 40% d'énergies renouvelables installées, surtout grâce à une expansion phénoménale des capacités photovoltaïques.

>> Inde : la très polluée New Delhi veut faire plus de place aux véhicules électriques

Sauf que l’énergie solaire est encore trop chère à stocker et tous ces panneaux sont sous-utilisés. Dès qu’il fait nuit, l'Inde a beau avoir tapissé le pays de panneaux solaires, l’électricité utilisée pour s’éclairer continue à venir du charbon. Le but des autorités est donc de réduire les émissions, tout en utilisant beaucoup de charbon. En effet, les besoins énergétiques indiens vont énormément augmenter dans les années à venir pour nourrir le développement de la population, ne serait-ce que pour offrir quelques appareils ménagers et une climatisation à l’essentiel des habitants. Le pays ne pourra pas fermer ses centrales à charbon rapidement et cette énergie fossile devrait servir à produire encore la moitié de l'électricité en 2030.

Pour continuer à utiliser du charbon tout en polluant moins, l'Inde dispose de quelques outils. Il faudrait d'abord investir dans l'entretien de ces centrales pour maintenir leur efficacité et utiliser ainsi moins de charbon. Il faudrait aussi installer des mécanismes de capture de carbone. Or, les autorités ont très peu investi dans ce domaine ces dernières années et cela inquiète les spécialistes de l'environnement. Selon ces derniers, il faut aussi que ce gouvernement dresse un vrai plan de fermeture des plus vieilles centrales les moins efficientes et les plus polluantes. Or, pour l'instant, les dates de fermeture de ces anciennes usines ne sont pas respectées et elles continuent donc à polluer fortement l'atmosphère de l'Inde.

La Chine, entre ambitions écologiques et peur du blackout

La Chine, pays le plus émetteur de gaz à effet de serre au monde, multiplie elle aussi les efforts pour réduire son empreinte carbone. Face à ce défi immense, les autorités viennent d’annoncer de nouvelles mesures pour développer encore plus les énergies dites propres. Les Chinois sont les premiers producteurs au monde d’énergie renouvelable et ils souhaitent aller plus loin dans ce domaine. Les autorités ont présenté cette semaine une nouvelle feuille de route qui prévoit de doubler d’ici 2025 la production d'énergie éolienne et solaire dans le pays.

Cette échéance proche est bien le signe que la Chine souhaite donner un coup d’accélérateur. Jusqu’ici, cet objectif avait été fixé pour 2030. De nouveaux parcs d’énergie renouvelables vont donc être construits à travers le pays, à l’image des immenses parcs solaires installés au Xinjiang, ou encore les éoliennes marines au large de la province du Shandong. Et les moyens financiers sont là. Sur le solaire par exemple, les investissements ont presque triplé au cours des quatre premiers mois de cette année, par rapport à 2021. Ces investissements ont atteint cette année quatre milliards d’euros, selon l’administration nationale de l’énergie.

Malgré ces gros efforts, la Chine n’arrive pas à se défaire du charbon. Elle reste très dépendante de cette énergie fossile, pour plusieurs raisons. Il y a d’abord la crainte de se retrouver tout simplement dans le noir, à court d’électricité. C’est ce qui s’est passé à l’automne dernier : des coupures de courant géantes qui ont mis à l’arrêt des milliers d’usines à travers le pays et affecté aussi le quotidien de très nombreux Chinois. Pour éviter que ces coupures ne se répètent et que la population soit privée de chauffage cet hiver, la Chine a fait machine arrière sur le charbon, en autorisant la construction d’un plus grand nombre de centrales électriques au charbon, quitte à remettre en cause les engagements pris dans le cadre de l’accord de Paris sur le climat.

Le Premier ministre Li Keqiang a redit la semaine dernière que le charbon constituait la base de la sécurité énergétique du pays. La banque centrale a d’ailleurs approuvé un crédit de 15 milliards de dollars pour financer le secteur du charbon, avec de nouvelles extractions. Voilà qui ne va pas faire reculer les émissions de C02. La Chine maintient toutefois son objectif et le calendrier fixé par le président Xi Jinping : atteindre le pic d’émission avant 2030 et la neutralité carbone avant 2060.

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