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Burkina Faso : la fin des opérations de la force française Sabre dans le pays

Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui, direction le Burkina Faso où l'armée a annoncé la fin officielle des opérations de soldats français sur son territoire.
Article rédigé par franceinfo - Juliette Dubois
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6 min
Des officiers supérieurs des forces burkinabaises et françaises lors d'une cérémonie de descente du drapeau marquant la fin des opérations de l'armée française au Burkina Faso au damp de Bila Zagré à Kamboincin, le 18 février 2023. (THE GENERAL STAFF OF THE ARMED FORCES OF BURKINA FASO / AFP)

Après le Mali, c’est au tour des forces françaises au Burkina Faso de plier bagages. La mission Sabre qui était implantée dans le pays depuis près de 15 ans est officiellement terminée. La décision de l'état-major burkinabé intervient trois semaines après la dénonciation par le gouvernement de transition des accords de défense liant les deux pays, dans un contexte sécuritaire de plus en plus tendu. 

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Ce départ était réclamé depuis plusieurs mois par les autorités burkinabaise. La fin des opérations de la mission Sabre était une demande du capitaine Ibrahim Traoré, arrivé au pouvoir après un coup d'État en octobre 2022. Le 18 janvier, le gouvernement avait donné un mois aux forces tricolores pour quitter le pays. Samedi, une descente de drapeau sur le camp français de Bila Zagré à Kamboinsin a acté la fin des opérations françaises au Burkina Faso.

Pour rappel, la mission avait commencé en 2009, après un attentat suicide devant l’ambassade de France en Mauritanie voisine. Le but était d’établir une base pour la lutte anti-jihadiste dans le Sahel. Les forces de Sabre ont compté jusqu’à 400 hommes qui ont mené des actions ciblées, mais aussi entraîné les forces spéciales burkinabaises. Ces dernières années, les groupes armés terroristes ont pourtant gagné du terrain, jusqu’à contrôler aujourd’hui 40% du territoire burkinabais, et la grogne s’est intensifiée dans le pays contre la présence française. En janvier, la France a rappelé son ambassadeur sur demande des autorités burkinabaise. Au lendemain de l'annonce du départ des forces spéciales françaises, plusieurs milliers de personnes avaient manifesté à Ouagadougou en soutien à la junte au pouvoir et "la souveraineté du pays".

Des effectifs redéployés en Afrique ?

La mission française est donc officiellement terminée et les membres de la force ont déjà commencé à plier bagage. Selon l’armée burkinabaise, le départ des équipements restants sera finalisé par une équipe de logisticiens et selon un chronogramme défini en accord avec l'état-major général des armées. Pour des raisons de sécurité, l’armée française reste pour l’instant très discrète sur la prochaine destination des militaires. L’état-major français l’affirme, il n’y a pas d’urgence ni de date officielle pour le redéploiement de ces soldats. "On s’en occupera en 2023", déclarent-ils. Officiellement, une grande partie des forces rentrera dans l’Hexagone. Selon plusieurs sources, une partie des effectifs pourrait aussi être redéployée au Niger ainsi qu’en Côte d’Ivoire.

De son côté, le Burkina Faso continue de faire face à des attaques répétées et cherche de nouveaux partenaires pour sa lutte antiterroriste. Le Premier ministre Apollinaire Kyélem de Tambéla s'était discrètement rendu en Russie en décembre 2022 et selon une source diplomatique française, il ne fait aucun doute que la junte et le groupe de mercenaires Wagner se "tournent autour".

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