Reportage
Présidentielle américaine 2024 : malgré le blizzard dans l'lowa, la campagne des primaires républicaines bat son plein

Ce lundi 15 janvier, le caucus de l'Iowa lance la course à l’investiture du Parti républicain pour l’élection présidentielle américaine de novembre 2024. Si Donald Trump est le grand favori des sondages, suivi par Ron DeSantis et Nikki Haley, une tempête hivernale pourrait bien jouer les trouble-fêtes.
Article rédigé par Benjamin Illy
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6 min
Une tempête hivernale d'une rare intensité frappe l'Iowa à quelques heures du caucus (BENJAMIN ILLY/ RADIO FRANCE)

À Des Moines, capitale de l’Iowa, où le froid s’intensifie d’heure en heure, c'est le premier pas vers la présidentielle américaine de novembre prochain. Ce lundi 15 janvier, l’Iowa tient son caucus. Cet État du Midwest ouvre le bal des primaires du Parti Républicain. Donald Trump est donné grand favori mais une tempête hivernale historique, a bousculé la campagne ces derniers jours. 

Le vent glacial qui souffle en ce moment n'est pas vraiment "typique" de l'Iowa, comme le disent certains habitants. Selon les autorités, on ne voit ça qu’une fois ou deux par décennie. La situation est qualifiée de "dangereuse". Une tempête de neige, du blizzard qui a balayé l’Iowa pendant 48 heures. Des routes blanchies sur lesquelles il est très difficile de se circuler. Les températures tournent autour de -20 degrés et devraient encore plonger à l’heure où les électeurs se déplaceront pour voter avec des coups de vents et un froid ressenti de -30 voire -40 degrés à la nuit tombée, selon l’agence météo locale.

A Des Moines, le froid ressenti est de -30 voire -40 degrés à la nuit tombée, selon l’agence météo locale (BENJAMIN ILLY / RADIO FRANCE)

"Nous pouvons le faire !"

Cela n’a pas échappé aux candidats comme Ron DeSantis, le gouverneur de Floride, considéré comme "ultra-conservateur", donné troisième dans les enquêtes d’opinion, mais il reste combatif. "Ils peuvent nous envoyer une tempête de neige mais nous allons nous battre ! Ils peuvent nous lancer de faux sondages, mais nous allons nous battre !", lance-t-il. 

Il y a aussi Nikki Haley, ancienne gouverneure de Caroline du Sud, ex-ambassadrice des Etats-Unis à l’ONU, seule femme en lice dans cette primaire, perçue comme relativement plus modérée, notamment sur la question de l’avortement. Elle a consolidé une deuxième place dans les sondages pour ce caucus de l’Iowa. Et elle bat le rappel les réseaux sociaux, en pataugeant dans la neige. "Je sais qu'il fait froid, mais nous avons besoin de vous ! Habillez-vous chaudement, prenez votre pièce d'identité et venez avec  vos amis ! Nous pouvons le faire !", dit-elle. 

Il y a bien sûr aussi Donald Trump qui espère une victoire écrasante. Il est arrivé samedi 13 janvier au soir dans l’Iowa. Ses premiers mots : "Je viens juste de descendre de l’avion et c’est méchant ce qui se passe dehors". Mais surtout, il balaye encore et encore les accusations, lui qui est inculpé quatre fois au pénal, menacés par des procès au printemps, toujours persuadé que la présidentielle de 2020 a été truquée. "Une fraude électorale, ça ne s’était jamais produit, cela a pu arriver dans des pays du tiers-monde, des républiques bananières, mais jamais dans ce pays", assure-t-il.

Au-delà des arguments de campagne, chaque camp a dû adapter ses plans face aux conditions météos. Les meetings ont été réduits au minimum depuis vendredi 12 janvier, plusieurs rendez-vous annulés, des réunions par téléphones avec les électeurs ou un "télémeeting" en ligne pour Donald Trump.  

Certains électeurs risquent de ne pas se déplacer à cause du froid, même si d'autres assurent qu'ils feront le déplacement. (BENJAMIN ILLY / RADIO FRANCE)

Avec ce froid dans les rues de Des Moines, la question de savoir si les électeurs vont se déplacer pour aller voter est cruciale. Car c'est bien la difficulté liée au "caucus", une forme de démocratie directe, impossible de voter par correspondance, il faut se manifester en personne, prendre part à des assemblées entre militants dans des écoles ou des gymnases, dans les 1 700 circonscriptions de l’Iowa. Bien sûr certains déclinent, il fera trop froid, ils attendront la présidentielle en novembre pour voter et puis il y a les plus déterminés qui promettent de faire le déplacement. 

"Je pense vraiment qu’on a besoin de quelqu'un de nouveau, peu importe de qui il s'agit"

John, 36 ans

à franceinfo

Dans le centre-ville de Des Moines, livré au ballet des chasse-neige, quelques rares courageux sont là pour donner des coups de pelles, essayer de dégager les trottoirs. Comme John, 36 ans, gardien de parking, lui a choisi sa candidate, ce sera Nikki Haley. "C’est par rapport à ses prises de positions contre la Chine, faire en sorte de mettre la Chine en retrait et de replacer les Etats-Unis au sommet", explique-t-il. "Et puis je pense qu'avec Biden et Trump, tous ces va-et-vient, les accusations des deux côtés...là je pense vraiment qu’on a besoin de quelqu'un de nouveau, peu importe de qui il s'agit", juge John. 

Le centre-ville de Des Moines, livré au ballet des chasse-neige (BENJAMIN ILLY / RADIO FRANCE)

Dans un bar de Des Moines, Jamie, 47 ans, votera pour Ron DeSantis : "J'aime ce qu'il a fait en Floride, et j'aime la façon dont il gouverne là-bas. Son économie est forte et puis il est calme", estime-t-elle. "Mais avant sa personnalité, il s’agit vraiment de voir comment ils abordent les questions qui sont importantes pour nous. Moi, j'aime ma liberté. Je ne veux pas qu’un gouvernement prenne des décisions à ma place", raconte Jamie. 

Mais dans ce bar, il y a un nom qui revient en boucle : celui de Donald Trump. "J'espère juste qu'il pourra revenir et qu'il pourra rendre notre pays fort à nouveau", explique par exemple Rose, 62 ans. "L’économie, c’est ma préoccupation numéro 1. Et les questions d'immigration sont aussi très importantes. Je travaille dans une école, nous avons un afflux d'immigrants dans notre secteur et c’est très difficile de faire une place à leurs enfants. Je fais face à cela au quotidien", dit-elle.

Des habitants de Des Moines se réfugient dans un bar alors que dehors les températures dépassent les -20 degrés. (BENJAMIN ILLY / RADIO FRANCE)

Son mari, Stewart, intervient. Sa priorité est de chasser les démocrates, et selon lui Donald Trump est l’homme de la situation et tant pis si le milliardaire a des ennuis avec la justice. "Tout est inventé !  Les démocrates sont à l’origine de ces accusations. Ils ne veulent pas que Trump gagne à nouveau. Ils lui mettent donc des bâtons dans les roues", dit-il.

"Le caucus se tient depuis un demi-siècle et nous l’avons organisé avec succès qu’il pleuve, qu’il y ait de la neige, ou que les températures soient glaciales"

Kush Desai, porte-parole du Parti Républicain de l’Iowa 

à franceinfo

Le caucus de l’Iowa aura donc lieu coûte que coûte selon Kush Desai, porte-parole du Parti Républicain de l’Iowa. "2024 ne fera pas exception, les habitants de l’Iowa sont habitués aux conditions hivernales", assure-t-il. "Ici, tout le monde a des parkas et des bottes et nous nous assurons que les gens n’aient pas à faire la queue à l’extérieur. Nous n’aurons peut-être pas un niveau de participation record, mais il sera élevé", prédit Kush Desai. En 2016, 186 000 personnes s’étaient déplacées pour le caucus de l’Iowa. Mais celui de 2024 promet d’être le plus froid des cinquante dernières années.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.