Reportage
Documentaire "Golo et Ritchie" au cinéma : "À Grigny, il n'y a pas que la drogue et la violence, il y a des belles personnes", confie Golo

Sorti le 14 août au cinéma, le film, qui met en scène ces deux banlieusards sur un tandem à la découverte de la France, a attiré 320 000 spectateurs dans les salles. Rencontre avec les deux protagonistes et leur ville, Grigny.
Article rédigé par Valentin Dunate
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
"Golo et Ritchie" dans le film qui les met en scène. (APOLLO FILMS)

"C'est une dinguerie de ouf. On est contents, on est super contents ! C'est une belle fierté", s'exclame Golo. Direction le quartier de la Grande Borne à Grigny, la ville la plus pauvre de France, d'où sont originaires les deux protagonistes du documentaire sorti cet été : Golo et Ritchie. Ce film nous fait découvrir deux trentenaires, célèbres grâce à leurs vidéos sur les réseaux sociaux, qui vivent dans cette cité.

Ces personnages - Golo et Ritchie - et leurs différences -  l'un est musulman, l'autre est catholique et autiste -, gommées par leur amitié, ont attiré déjà plus de 320 000 spectateurs dans les salles. En moyenne, en France, les documentaires sont vus par 20 000 personnes.

"Tu sais, ce qui plaît chez nous, c'est le spontané, raconte Golo. Nous, on est spontanés. Ritchie, il est spontané, ces réactions, elles sont magiques. Les gens kiffent ça et ils kiffent que moi, quand je parle de Richie, je ne fais pas de différence". Ces créateurs de contenus sont suivis par près de 3 millions de personnes sur les réseaux sociaux. Mais dans le film réalisé par Martin Fougerol et Ahmed Hamidi, cette fois, ils quittent Grigny pour partir à la découverte de la France en tandem. "En fait, on était partout, explique Ritchie. Ça change un peu. On a vu les vaches, les chevaux, le cochon, les poules. On a vu plein de trucs."

Sortir de Grigny, un exemple pour les jeunes de la ville

Au cœur du film, ce sont ces jeunes de banlieue qui sortent de leur quartier et rencontrent l'histoire, la nature, la culture française. Au-delà du film, c'est le combat de plusieurs associations à Grigny. Bilel Ghenaim nous ouvre les portes de l'association dans laquelle il travaille, l'Académie Youness, association qui aide les enfants à partir de 6 ans. "L'objectif est toujours de leur faire découvrir de nouvelles choses et qu'ils quittent un peu Grigny", explique-t-il. 

"On s'est rendu compte que malheureusement, beaucoup de nos jeunes n'avaient jamais vu autre chose que Grigny".

Bilel Ghenaim de l'association l'Académie Youness

à franceinfo

Bilel Ghenaim raconte qu'en 2023, en organisant une sortie à la Tour Eiffel avec un groupe, ils se sont rendu compte qu'à 16 ans, certains n'avaient jamais vu la Tour Eiffel "alors qu'on est juste à côté", s'exclame-t-il. Et si "les petits", "dans un premier temps, ont de petites craintes de quitter leur quartier", "à chaque fois", les retours sont toujours positifs. "C'était important pour nous, déjà dans un premier temps de donner de la force au film et à ce qu'ils ont proposé, de rendre un peu aussi le retour de tout ce qu'ils font pour la ville", poursuit-il. Le film Golo et Ritchie est donc un exemple pour des centaines de jeunes, de familles habitants de Grigny.

Changer le regard sur les cités

C'est aussi et surtout l'occasion de changer de regard sur cette ville et, plus généralement, sur les cités. Comme l'explique le maire de la ville, Philippe Rio, "le traitement médiatique de la banlieue, c'est soit les très grandes réussites sportives ou culturelles, soit les violences. Et en fait, entre ces deux pôles surmédiatisés, il y a un vide de ces vies de gens qui travaillent, qui vivent leur vie, qui ont des handicaps".

Pour lui, ce film, "c'est un premier regard porté sur quelque chose qui était un angle mort. Dans la ville de Grigny, il y a des histoires d'amitié entre deux jeunes à la couleur de peau noire qui ont tous les codes de banlieue et qui parlent d'amitié, voire d'amour, et qui vont à la rencontre de la France qui, sur le papier, ne les aime pas beaucoup".

Ce film, drôle, touchant, il permet surtout de changer de regard sur ce quartier, confie Golo. "Il n'y a pas que la drogue, il n'y a pas que la bagarre, il n'y a pas que la violence : il y a aussi ce côté-là. C'est ça qu'on montre et les gens sont contents de ça, explique-t-il. Quand ils nous voient, ils nous disent "Golo et Ritchie merci, on est contents ! Là, vous faites dégager une autre image du quartier et c'est ça qu'on veut voir. Et on espère encore montrer ce côté-là encore le plus longtemps possible. Parce qu'il y a des belles choses ici et des belles personnes, surtout des belles personnes. C'est ça qui est bien".  

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