Cet article date de plus de quatre ans.

"On envisage l'après avec beaucoup d'optimisme" : avec le confinement, certaines entreprises ont pris leur envol

Alimentation bio, conseil aux entreprises, aide à l'organisation d'événements virtuels en ligne... Franceinfo a rencontré les dirigeants de trois entreprises qui ont réussi à tirer leur épingle du jeu en pleine crise sanitaire. 

Article rédigé par Benjamin Illy
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Adrien Gazeau dirigeant de Bio Culture à Sèvres.  (BENJAMIN  ILLY / FRANCE-INFO)

Chômage en hausse, activité des entreprises fortement ralentie, tourisme et restauration en crise… Le Covid-19 a fragilisé notre économie. Mais dans cette période sombre, des entreprises - hors secteur pharmaceutique - ont réussi à tirer leur épingle du jeu malgré, voire grâce à la crise.

C'est le cas notamment dans le secteur de l’alimentation, essentiel, et qui a forcément bien marché pendant les phases de confinement. C’est à Sèvres, dans les Hauts-de-Seine, que Bio Culture a pris ces quartiers. Depuis treize ans, l'entreprise livre des paniers de fruits et légumes bio fournis par des producteurs locaux. Depuis le début de la crise sanitaire ses commandes ont grimpé en flèche, avec 1 200 paniers livrés chaque semaine, contre 800 avant  le premier confinement. Les effectifs eux aussi ont été revus à la hausse. "On était une douzaine et on est passé à un peu plus de 35 pendant le confinement", explique Adrien Gazeau, gérant de Bio Culture. "Quand on a commencé à parler de confinement j'ai eu extrêmement peur parce que 45% de notre chiffre d'affaires était fait sur des livraisons en entreprise qui allaient toutes fermer", raconte-t-il. Mais "on a décidé d'une part de rester ouvert et d'autre part d'ouvrir énormément de créneaux de livraison à domicile", poursuit le gérant. Un pari gagnant "puisque ça a été l'explosion", poursuit-il.

Il a fallu se retrousser les manches et y aller à un moment où les gens étaient plutôt dans la peur, restaient chez eux. Et c'est comme ça qu'on s'est retrouvés à faire jusqu'à cinq fois notre activité habituelle."

Adrien Gazeau, gérant de Bio Culture

à franceinfo

D'autres, ont eu le courage de se lancer en pleine crise. Et avec succès, à l’image d’Assia Milan, 41 ans. En juillet, elle démissionne et crée sa propre structure de formation et de conseil aux entreprises entre Dieppe et Rouen. SeedWork conseil innovation, c’est le nom qu’elle a choisi pour sa société, résolument tournée vers l’avenir. "Seed ça signifie graine. Donc c'est semer les graines pour demain", explique-t-elle. "Après 20 ans de salariat, quand on se lance dans l'entreprenariat on se pose toujours plein de questions, d'autant plus avec la crise Covid. Est-ce le bon moment ? Et au final, oui, complètement, parce que les besoins sont énormes", constate Assia Milan. 

"J'ai plusieurs accompagnements en cours par rapport notamment à la généralisation du télétravail. Je pense qu'il y a une notion de crise mais d'opportunités aussi. Il se passe plein de belles choses. Il y a des changements, et ces changements resteront pour demain."

Assia Milan, dirigeante de SeedWork conseil & innovation

à franceinfo

Et Assia Milan peut déjà voir plus loin. Demain, après-demain, l’an prochain, elle compte déjà une dizaine de clients. Un très bon démarrage pour son entreprise de conseil. 

Il y a les entreprises qui démarrent, et celles déjà installées qui voient leur essor à long terme. Exemple près d’Angers. C’est le pari du studio 3D at Home lancé en 2006 et dirigé par Raphaël Pomares. Studio qui développe des applications 3D sur mesure pour les entreprises, et qui a mis au point un outil pour organiser des événements virtuels en ligne, très demandé ces derniers mois.

"On avait pour objectif à cinq ans de réaliser 200 salons virtuels par an et c'est exactement ce qu'on va faire cette année. En termes de chiffre d'affaires on va faire du fois quatre, à peu près, par rapport à l'année 2019. 

Raphaël Pomares, dirigeant de 3D à Home

à franceinfo

Et Raphaël Pomares est confiant pour l'avenir. "On envisage l'après avec beaucoup d'optimisme parce que la crise sanitaire a permis à toutes ces entreprises et à tous ces organisateurs d'événements de tester le digital, explique-t-il. Moi je n'ai pas le sentiment qu'on ait profité de la crise. J'ai plutôt le sentiment que la crise a accéléré la transition digitale qui était déjà en cours." Et l'entreprise angevine est sur le point de doubler ses effectifs, avec bientôt 12 salariés. 

Un adaptation obligatoire pour surmonter la crise

Des exemples de réussite au cœur de la crise, ça existe, mais François Asselin, président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), reste assez lucide malgré tout. "La part des entreprises qui auront tiré leur épingle du jeu sera bien sûr très minoritaire par rapport à l'impact qu'on subi beaucoup d'entreprises, beaucoup de secteurs", nuance-t-il. 

Nous avons vu des métiers se réorienter.

François Asselin, président de la CPME

à franceinfo

"Nous avons aujourd'hui des organismes de formation professionnelle qui ont massivement numérisé leur formation pour continuer à assurer cette prestation de service d'une manière différente (...) Il faut apprendre, avec ces mesures sanitaires contraignantes à continuer à travailler", poursuit-il.  La crise sanitaire a donc aussi été une occasion pour certaines entreprises de se développer, de se réinventer. Mais il faudra tout même patienter pour revenir au niveau d’activité global d’avant-Covid. Selon le ministre de l’Economie, ce ne sera pas avant fin 2022.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.