Législatives 2024 : dans le Maine-et-Loire, les militants macronistes déterminés à se battre et à "se réinventer", mais inquiets pour la suite
Le Maine-et-Loire, historiquement de droite modérée, n'a pas été épargné par les très bons scores du Rassemblement national au premier tour des élections législatives. Mais dans la 6e circonscription, Ensemble a résisté : Nicole Dubré-Chirat est arrivée en tête avec un peu plus de 35%, devant Tim Pavageau du RN, qui a frôlé les 29%.
Pour la députée sortante, mission porte-à-porte à Saint-Georges-sur-Loire, le coffre de la voiture plein de tracts et d'affiches avec la photo du Premier ministre Gabriel Attal. "C'était un choix", reconnaît-elle. Depuis les européennes, il a fallu revoir le matériel de campagne sans Emmanuel Macron. "Parfois on arrivait à accrocher des personnes qui étaient dans le doute, et quand elles voyaient le programme elles disaient 'non'."
"On s'est dit qu'il fallait lever le pied et qu'on mette moins de tracts avec sa photo. Je reste loyale, je suis dans la majorité présidentielle, j'ai été élue grâce à lui, mais stratégiquement c'était mieux."
Nicole Dubré-Chirat, députée sortante (Ensemble!)à franceinfo
Une équipe fidèle suit aussi la députée depuis huit ans. Parmi les militants, Théo Marchais, 23 ans, membre des Jeunes avec Macron dans le département. Cette fois, au lieu du bilan de sa candidate,
son argument numéro un : être présent contre le RN. "Ce n'est pas ce qu'on fait d'habitude, c'est la première fois qu'on a à faire ça, nous ici, parce qu'on s'est jamais retrouvé dans ce genre de duel", confie Théo.
"Ce n'est pas pour ça que je me suis engagé, moi ! Ce n'est pas pour faire des barrages à l'extrême droite, mais là l'urgence c'est ça."
Théo, militant Ensemble!à franceinfo
Pour y arriver, ces militants doivent aussi convaincre les électeurs du Nouveau Front populaire, dont la candidate arrivée 3e avec un peu plus de 7% s'est désistée au profit de Nicole Dubré-Chirat. Mais ces électeurs de gauche sont difficiles à amadouer. Nicole Dubré-Chirat se souvient d'une électrice plutôt récalcitrante : "Elle nous a demandé si on ferait l'inverse, en disant 'je sais pas ce que je vais faire, je vais peut-être aller voter pour vous mais vraiment en me pinçant le nez."
Un autre se pince le nez : c'est le candidat RN Tim Pavageau, en colère contre les appels lancés par la majorité à voter contre son parti. "Le Premier ministre qui appelle à voter contre l'extrême droite, on n'a pas à influencer, notamment quand on est Premier ministre sur les votes de chacun. On peut appeler à voter pour son parti, mais pas à critiquer ou empêcher d'aller voter contre un autre parti politique. Ce n'est pas possible", dénonce-t-il.
Inquiétude pour la suite
Au-delà du second tour, ces militants macronistes d'Ensemble! se projettent difficilement. Ils ont pris acte de la dissolution et de la montée du RN, mais l'idée de se retrouver minoritaires à l'Assemblée est moins évidente. Pour Théo Marchais, cela reste encore très flou : "Il va falloir se réinventer", reconnaît-il.
"Il va falloir voir avec qui on fait des alliances à l'Assemblée avec qui on n’en fait pas. Bien évidemment, avec le RN on n’en fera pas. Mais à gauche, peut-être qu'il va falloir aller chercher le Parti socialiste, peut-être même le Parti communiste. Si on est obligés d'aller chercher jusque-là, quel va être notre projet ? Il va falloir faire du 'en même temps' mais avec les autres."
Théo, militant Ensemble!à franceinfo
En Marche, La République en Marche, Ensemble pour la République... Quel que soit le nom du parti, Nacira Megherbi milite depuis huit ans pour le parti d'Emmanuel Macron. Quand on lui demande si elle n'éprouve pas un sentiment de gâchis, la jeune femme hésite un long moment avant de répondre : "Il est évident que la promesse de gouverner autrement, avec la société civile, des gens qui ne sont pas politisés à la base, ça a suscité un grand élan et on l'a vu avec la nouvelle majorité en 2017. Je ne pense pas que c'est 'du gâchis', mais c'est dommage", concède-t-elle.
Mais l'heure n'est pas aux remords ou aux regrets pour ces militants qui l'assurent : la prime au sortant n'existe plus. Il faut rester mobilisés jusqu'au bout pour éviter l'arrivée d'un ou plusieurs députés RN dans leur département.
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