Environnement : moteurs hybrides ou tout-électriques, panneaux photovoltaïques sur les quais... Ingénieurs et plaisanciers bord à bord pour sauver la Méditerranée
La mer Méditerranée est en danger. Les scientifiques du Giec estiment qu'elle va devenir dans 20 ans une mer morte, privée de toute vie, si rien n'est fait pour la préserver. Pour éviter cette catastrophe écologique, il va notamment falloir que les bateaux passent au vert, à une énergie plus propre.
L'une des sources de pollution qui affecte le plus le milieu marin, ce sont les moteurs thermiques des bateaux. Il y en a 428 000 qui naviguent dans les eaux françaises de Nice à Perpignan. Sur le vieux port, au cœur de la ZFE (zone à faible émission) de Marseille, Paul Paret démarre son moteur sur une vieille barque en bois. Il a découvert, lors d’un test réalisé par Atmosud, l'organisme en charge de contrôler la qualité de l'air, que le moteur polluait autant que cinq voitures. "Cela m'a surpris, mais en réfléchissant bien, ce sont des moteurs de tracteurs, confie-t-il, En fait, sur le principe, on a l'impression d'être complètement écolo et on se rend compte qu'on ne l'est pas tant que ça."
Prise de conscience chez les plaisanciers
Un autre plaisancier a testé son bateau, une vedette équipée de deux moteurs diesel de 250 chevaux, et c'est encore pire : "On fume quand même pas mal, donc on se doutait qu'on polluait. Mais on a été un petit peu surpris de cette pollution d'un bateau à moteur seul qui équivaut à 50 voitures", affirme Alexandre Michel Flandrin. "Quand on est plaisancier, c'est qu'on aime la mer. Alors généralement, on défend et on protège ce que l'on aime", ajoute Michel Lamberti, président de la Fédération des sociétés nautiques des Bouches-du-Rhône.
"Il va falloir qu'on s'équipe. Lors des premières réflexions, il va falloir inciter les gestionnaires portuaires à réfléchir avec nous. Si tout le monde s'y met, je pense qu'on pourra y arriver."
Michel Lamberti, président de la Fédération des sociétés nautiques des Bouches-du-Rhôneà franceinfo
L'hybride et l'électrique arrivent dans le monde de la plaisance
Des ingénieurs cherchent des solutions pour naviguer propre et pas cher. Jean-Pascal Plumier, le fondateur d'Ozo, société au départ spécialisé dans les vélos et les batteries électriques, propose par exemple de l'hybridation à moins de 2 000 euros. "On ajoute un moteur électrique en parallèle du moteur thermique", explique-t-il. "Ça permet de sortir des ports ou de naviguer dans les bandes de 300 mètres ou dans les parcs naturels en tout-électrique, précise-t-il. Et ensuite, on va recharger sa batterie à quai, soit avec le moteur thermique, soit avec quelques panneaux solaires posés sur le pont du bateau."
Il y a aussi le tout-électrique pour les bateaux : c'est la spécialité de Synapséo, une société basée en Bretagne qui vient d’équiper une barque de pêche du vieux port. "Sur l'électrique, il ne faut pas chercher la vitesse parce que qui dit vitesse dit consommation, assure Vincent Vincent Bodu, le directeur. On essaye de rester dans des coûts raisonnables et équivalents au moteur thermique, souligne-t-il. Ça permet vraiment aux clients de se poser la question de passer à l'électrique ou pas quand il y a un moteur à remplacer."
Qui dit moteur électrique dit solution pour recharger les batteries. Là encore, des sociétés française sont à la pointe de l’innovation. François Trabucco, directeur général de Tenergie, propose par exemple de recouvrir les quais des ports de plaisance de panneaux photovoltaïques. "L'idée c'est de trouver des solutions pour faire un double, voire un triple usage du foncier, explique-t-il. Et effectivement, les quais, les parkings sont une possibilité fort intéressante pour mettre en place, par exemple, des panneaux photovoltaïques qui apportent du confort aux usagers, ça les protège du soleil, dit-il en souriant. Et la production d'énergie électrique locale peut ensuite être réutilisée pour les bateaux qui sont à quai."
Responsabilité politique
Cyprien Fontvieille a lancé il y a quatre ans Neede Mediterranée, une association qui recense les initiatives, les inventions, et les accompagne. "Il y a une vraie prise de conscience, insiste-t-il. Et pour que la réglementation évolue, les pouvoirs publics ont aussi besoin que des solutions partent du terrain et que des acteurs proposent tout simplement des initiatives vertueuses". "C'est l'intérêt de tout le monde en réalité, même des politiques, poursuit-il. C'est une façon pour eux de s'assurer qu'il y ait une adhésion extrêmement forte, dynamique."
"Les politiques constatent d'ailleurs que les opérateurs de terrain sont souvent prêts à aller plus loin et à pousser une évolution de la réglementation de façon beaucoup plus forte que ce qu'ils seraient prêts à mettre en œuvre eux-mêmes."
Cyprien Fontvieille, fondateur de Neede Méditerranéeà franceinfo
La balle est désormais dans le camp d'Emmanuel Macron, qui doit annoncer avant l’été des mesures fortes. Neede Méditerranée est à l’origine du projet Odysséo. Tout est désormais prêt à Marseille pour accueillir cette fondation qui pilotera les initiatives françaises, mais aussi de tous les pays du pourtour pour tenter de sauver la Méditerranée.
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