Biodiversité : vers un atlas génétique des animaux marins
Une petite dizaine de scientifiques du Commissariat à l'énergie atomique (CEA), du Commissariat à l'énergie atomique (CNRS), du Muséum d’histoire naturelle se sont déjà lancés début mars dans une partie de pêche à pied un peu particulière, à Roscoff dans le Finistère. Armés de seaux, de pelles et des tubes à essais, ils ont lancé la toute première expédition d'échantillonnage et commencé à collecter avec précautions toutes sortes d’algues, mollusques, crabes ou crevettes minuscules. Ils les ont ensuite congelés à moins 80°C dans de l’azote liquide pour les préserver, avant de les expédier au génoscope d’Evry dans l’Essonne. C’est là que l’ADN de ces animaux marins sera extrait et séquencé.
Au total, ce travail de recherche, doté d'un budget de 41 millions d'euros, doit s'étaler sur huit ans. Le recueil de ces 4 500 espèces marines se fera sur la côte atlantique, méditerranéenne, et dans les territoires d’outre-mer. Le génome, explique le directeur de ce programme ATLAsea pour le CNRS, Hugues Roest Crollius, "c'est l’ensemble de l’ADN qu’il y a dans les cellules du vivant. Il contient les instructions génétiques qui permettent de faire fonctionner tel ou tel organisme". Connaître le génome de ces animaux marins permet donc de mieux connaître les processus d’évolution des espèces. la proximité entre ou tel ou tel organisme. Les scientifiques espèrent aussi que de nouvelles connaissances génétiques les aideront à mieux comprendre et faire face à l'apparition d’espèces envahissantes sur le littoral.
Prévoir des dégradations du plastique
Les chercheurs imaginent que cet atlas génétique servira aussi pour la recherche en médecine ou pour découvrir des molécules innovantes. Certaines molécules issues du milieu marin ont des propriétés intéressantes pour la médecine, l’industrie cosmétique, alimentaire, ou l’agriculture. Connaître le détail des instructions génétiques qui permettent à ces organismes d’avoir ces propriétés particulières laisse entrevoir l’espoir de pouvoir peut-être un jour synthétiser certaines molécules innovantes en laboratoire. Les chercheurs pensent notamment à des antibactériens ou des procédés de dégradation du plastique
À terme, l'ensemble des données génétiques de ce programme seront mises à disposition dans une base de données ouverte.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.