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Santé : le gouvernement veut lancer un appel d’offres sur l'offre de médicaments et crispe certains députés

Le budget de la Sécurité sociale a été présenté lundi. Un PLFSS qui assume de demander des efforts à certains secteurs. Un choix qui pourrait pourtant freiner le développement des médicaments "made in France".

Article rédigé par Jean-Rémi Baudot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Plusieurs plaquettes de médicaments, 2021 (Photo d'illustration) (MONIKA SKOLIMOWSKA / DPA-ZENTRALBILD)

Au départ, il y a un objectif assumé par le ministère de la Santé. Un conseiller du ministre François Braun l'explique très directement à franceinfo: "Faire des économies sur le prix des médicaments". Un objectif qui se traduit notamment dans l’article 30 du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2023, avec une nouvelle mise en concurrence des médicaments. Pour chaque maladie, le gouvernement va lancer un appel d’offres sur l'offre de médicaments. Sur toutes les molécules disponibles sur le marché, seuls certains laboratoires seront sélectionnés sur des critères comme le prix ou leur localisation. Sur le papier : moins de fabricants, moins cher... Tout va bien.

En 2012, l'IGAS pointait déjà les effets pervers des appels d'offres

L'industrie est en ébullition : cette mesure pourrait avoir des impacts très concrets et très négatifs. Les labos ne sont pas les seuls à le dire. Cette idée d'appels d’offres a déjà été utilisée à l’étranger, notamment au Pays-Bas. En 2012, en France, l’inspection Générale des Affaires Sociales (l'IGAS), avait rendu un rapport pointant les effets pervers de cette pratique : des ruptures de stock fréquentes et des délocalisations.

Pour rester compétitifs face aux molécules indiennes ou chinoises, des laboratoires avaient soit quitté le pays, soit suspendu leur production. Des patients avaient même dû changer de traitement en catastrophe.

Un budget contradictoire avec les promesses de souveraineté d'Emmanuel Macron ? 

Un risque souligné en France alors même qu’Emmanuel Macron, après la crise du Covid-19, avait promis de renforcer notre souveraineté sur les médicaments. Au ministère de la Santé, on répond que ce nouvel outil devra être utilisé "avec tact et mesure". Sauf que trois jours après la publication de ce projet de budget, le sujet commence à faire du bruit à l’Assemblée. Le député LR Philippe Juvin, lui-même médecin, réfléchit à déposer un amendement pour annuler cet article 30…  

Même dans les rangs des macronistes, ce texte fait réagir : "La direction de la sécurité sociale (DSS) veut se taper les labos", confirme un député, très au fait des questions de budget de la Sécu. Un ancien de Bercy ne décolère pas : "On va refaire les mêmes erreurs qui nous ont conduit aux pénuries lors du Covid..."

En 2017, l’Elysée avait lancé des rencontres régulières avec le monde de la pharmacie pour pousser aux relocalisations et aux investissements. Un quinquennat plus tard, après la pandémie et dans un contexte de recherches de financement, manifestement, la lune de miel est terminée entre Macron et les labos.

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