Réforme des retraites : Jean-Luc Mélenchon remet en cause la charte d’Amiens et se met à dos les syndicats
Depuis quelques jours à gauche, il y a une discussion qui revient en boucle : "Qu'est devenue la charte d’Amiens ?" Pour tous ceux qui n'ont pas révisé récemment leur histoire syndicale française, c'est la charte adoptée au 9e congrès de la CGT en 1906. Un texte qui proclame l'indépendance des syndicats vis-à-vis des partis. Une charte qui régit encore, d'une certaine manière, les relations entre les syndicats et les politiques.
Jean-Luc Mélenchon s'est plusieurs fois montré hostile à cet équilibre centenaire. Pour lui, les syndicats sont incapables de lever les foules et il considère que l'indépendance syndicale est un frein à la convergence des luttes. C'est de la philosophie politique, mais en réalité c'est très concret et cela explique la tension actuelle entre la CGT et LFI. Le torchon brûle entre Philippe Martinez et Jean-Luc Mélenchon. Récemment à la télévision, le patron de la CGT a reproché à celui de LFI de vouloir "s'approprier le mouvement social pour reléguer les syndicats au second plan".
En face, les éléments de langage insoumis expliquent que la charte d'Amiens doit jouer dans les deux sens. "Depuis quand la première force d'opposition de gauche doit-elle se plier aux injonctions des syndicats ?", s'agace une députée proche de Mélenchon.
Des tensions qui fragilisent la contestation
La semaine prochaine, une nouvelle réunion de coordination est prévue entre syndicats et partis politiques. Mais comment s'entendre dans un tel climat ? L'initiative de LFI de lancer sa propre caisse de grève a déjà fait grincer des dents. Soutenir les grévistes en général, c'est plutôt une prérogative des organisations syndicales.
Du côté de la Nupes, le malaise est palpable. À gauche à l'Assemblée, les tentatives de Jean-Luc Mélenchon pour prendre la tête de la contestation agacent aussi. La stratégie de blocage du texte des retraites a déplu au PS, chez les Verts comme chez les communistes. De son côté, la gauche sénatoriale rejette la stratégie de La France insoumise. Et en coulisses, de nombreux piliers de la Nupes conviennent qu'il faudra remettre à plat le fonctionnement de cet accord politique. Les élections européennes et les sénatoriales sans accord de la Nupes en seront probablement la première illustration.
La charte d'Amiens a tenu 117 ans. La Nupes en est à son neuvième mois. Le feuilleton de la gauche française est loin d’être terminé.
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