Présidentielle 2022 : Édouard Philippe ne veut pas "qu'on l'emmerde"
Avis de tempête entre Emmanuel Macron et l’ancien Premier ministre Édouard Philippe. En cause : la fusion ratée entre Horizons, son parti, et Agir, une autre formation de la majorité.
Une phrase illustre le niveau de tension entre l'ex-Premier ministre et celui qui l'a nommé en mai 2017. Elle est lâchée par Édouard Philippe, dans le journal L’Opinion ce matin. "Je ne demande rien, mais je n’ai pas envie qu’on m’emmerde", dit-il. Référence à la phrase du chef de l'État sur les non-vaccinés.
Édouard Philippe ne le précise pas, mais c’est directement adressé au président et à son entourage. Car il est convaincu qu’Emmanuel Macron lui met des bâtons dans les roues et qu’il essaye de le saboter pour l’empêcher de faire grandir son parti, Horizons.
En ce mois de janvier, Horizons aurait dû absorber une autre formation de la majorité, Agir, présidée par le ministre Franck Riester. "La fusion était organisée, finie, établie, évidente", explique l’un de ceux qui ont piloté l’opération. Les deux partis étaient parvenus à un accord sur le rôle de chacun dans la nouvelle structure. Et une interview commune d'Édouard Philippe et de Franck Riester était prévue dans un journal qui paraît le dimanche, pour officialiser l'union.
Une "mauvaise manière"
Sauf que la semaine dernière, à la surprise générale, Franck Riester a annoncé à ses troupes que le mariage n’aura pas lieu. La raison ? L’Elysée s’y oppose. Édouard Philippe tombe de haut... Ce mariage aurait permis au président d'Horizons de disposer des moyens financiers plus conséquents, ceux d'Agir, qui grâce à ses députés bénéficie d'un financement public, contrairement au parti nouvellement créé par le maire du Havre.
Surtout, Édouard Philippe a le sentiment de s’être fait avoir. "Il avait fait les choses dans l’ordre, rappelle un ami. Dire qu’il soutenait le président avant de créer son parti". Le maire du Havre avait aussi accepté d’intégrer la maison commune, cette bannière qui regroupe tous les partis soutiens d’Emmanuel Macron. "Lors des réunions constitutives de cette maison commune, poursuit un proche, il avait demandé si deux partis pouvaient fusionner. On lui avait dit oui." "Et au moment où il veut appliquer cette règle, on lui dit finalement non", s’étrangle un député.
Liberté de parole
L’entourage d’Edouard Philippe, furieux, évoque une "mauvaise manière" de la Macronie. D'où la phrase dans L'Opinion. Première conséquence : l’ancien Premier ministre suspend sa participation aux réunions de la majorité. Il n’ira pas au déjeuner organisé ce mardi avec En Marche, le Modem et les autres. Ensuite, il a annoncé ce week-end le lancement de 130 comités locaux. 100 de plus doivent arriver avant la fin du mois.
Enfin, Édouard Philippe s’autorise plus que jamais à user de sa liberté. Ce dont ses amis ne se privent pas en parlant de la campagne à venir d’Emmanuel Macron. "Le sortant est dans une configuration particulière et peut ne pas être au second tour", lâche par exemple un élu. "La parole d’Edouard sera déterminante", met en garde un autre.
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