Cet article date de plus de trois ans.

Poursuivre les réformes ou lever le pied, le dilemme de la majorité

Stop ou encore ? Les deux options préoccupent le gouvernement et la majorité à treize mois de la fin du quinquennat.

Article rédigé par franceinfo - Neïla Latrous
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Séances de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, le 23 mars 2021. (THOMAS PADILLA / MAXPPP)

"Révolution", souvenez-vous, c’était le titre du livre-programme du candidat Macron. Depuis son élection, les "Gilets Jaunes" d’abord, puis la pandémie ont stoppé net l’agenda de transformation. Tout l’enjeu, c’est de savoir s’il faut relancer cet agenda - "remettre du charbon dans le poêle" pour paraphraser un ministre. Est-ce que la société peut encore l’encaisser ?

"Est-ce qu’on veut réformer ? Oui. Est-ce qu’on peut ? Je ne sais pas", répond très franchement un conseiller du président. "Il le faut", insiste une ministre, "le pays a besoin qu’on le bouscule pour ne pas qu’il décroche" par rapport aux autres puissances. Elle plaide pour des réformes structurelles, à la condition de pouvoir "convaincre les partenaires sociaux." Et ça, ce n’est pas une mince affaire.

Un autre membre du gouvernement défend de son côté l'idée d'une période "d’apaisement", avec cet argument : "Si on remet à chaque fois des réformes dans la matrice, alors on passera notre temps à les expliquer au lieu de défendre celles qu’on a déjà faites." De défendre le bilan du quinquennat - pas inutile à un an de la présidentielle.

Entre l'immobilisme et le risque de brusquer la société, il existe peut-être une troisième voie. Mais qui nécessite d’abord de choisir ses combats. Lesquels engager ? Lesquels abandonner ? La retraite ? L'assurance chômage ? Un parlementaire important considère lui que la valeur travail doit être au cœur des débats à venir. Comment revaloriser ceux qui produisent ? Comment récompenser l’effort ?

Tout pour la jeunesse

L'une des thématiques qui fait consensus, c’est l’intergénérationnel. L’Elysée juge que "le vivre ensemble va être l’énorme sujet du monde d’après, la cohabitation de ces gens qui ont mal vécu les restrictions." Jusqu’il y a quelques semaines, la définition de "l'intergénérationnel" était large. Et elle se résumait en une interrogation : comment créer des ponts, tisser des liens plus forts entre les plus jeunes et les plus âgés ?

Dans les cartons, il y a toujours cette réforme de la dépendance et la création de la cinquième branche de la Sécurité Sociale. L'intergénérationnel, c'est demander à tout le monde de faire un effort supplémentaire pour financer cette réforme. Politiquement impossible, pour un cadre de la majorité : "Je vois pas trop comment on dit aux plus jeunes : 'Vous allez remettre la main au pot', alors qu'on sort déjà d'une année où tout a été fait pour protéger les vieux".

"La loi Autonomie, je ne sais pas si on va le faire tout de suite", explique aussi l’entourage du chef de l’Etat. "L’idée est plutôt de continuer à travailler sur des annonces pour la jeunesse." D’où l’appel à remonter des idées, des notes. Pour que le président puisse faire son marché. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.