Polluants éternels : pour promouvoir leur interdiction, les écologistes multiplient les tests de contamination, y compris auprès de personnalités

À l'Assemblée nationale, les écologistes s'attaquent aux polluants éternels. Leur proposition de loi, qui sera examinée le 4 avril, s'appuie sur des tests menés depuis un an par des députés, sur des échantillons d'eau du robinet et sur des mèches de cheveux.
Article rédigé par Aurélie Herbemont
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Le député écologiste Nicolas Thierry, porteur de la proposition de loi. Photo le 11 avril 2023. (THOMAS SAMSON / AFP)

Les députés écologistes veulent interdire les polluants éternels issus de l'industrie chimique, qu'on trouve dans les emballages alimentaires, batteries, mousses anti-incendie et autres poêles en téflon. Ces polluants éternels sont soupçonnés de causer des cancers, perturber la fertilité, provoquer des maladies cardio-vasculaires...

La proposition de loi écologiste sera examinée la semaine prochaine en commission et le 4 avril dans l'hémicycle. En amont, jeudi 21 mars, le député écologiste de Gironde Nicolas Thierry, auteur du texte, va présenter de nouveaux résultats de contamination. Une dizaine de personnalités ont accepté de donner une mèche de cheveux à tester, comme l'animateur Nagui ou l'athlète multimédaillé en décathlon Kevin Mayer. En parallèle, le parti écologiste fait des prélèvements, depuis fin février, sur l'eau du robinet de 25 communes, de Lorient à Narbonne, en passant par Annecy.

Une interdiction à court terme visant quatre secteurs

Depuis un an, les écologistes mènent la bataille contre les polluants éternels et multiplient les tests. Quinze députés verts avaient fait analyser une mèche de cheveux et démontré qu'ils étaient tous contaminés. En septembre, Nicolas Thierry a entamé un tour de France, pour que des habitants volontaires fassent aussi le test. Sur 150 personnes, seules quatre n'ont pas de polluants éternels dans l'organisme. Les autres, 97% du panel, en présentent des doses plus ou moins fortes. Dans leur proposition de loi, les écologistes proposent donc de faire interdire à court terme les produits qui contiennent ces molécules quand on peut s'en passer.

Nicolas Thierry vise quatre interdictions pour mi-2025, concernant les emballages alimentaires, les cosmétiques, les vêtements ou le fart pour faire glisser les skis, "car on a des alternatives", dit-il. L'objectif est de bannir en 2027 ces polluants éternels, mais avec des dérogations pour les usages essentiels. Ces dérogations concernent les prothèses médicales qui en contiennent, ou certains médicaments comme le Prozac. Dans leur texte, les écologistes veulent aussi rendre obligatoire la détection de ces polluants dans l'eau potable partout en France, et instaurer un système pollueur-payeur, pour que les industriels responsables de rejets massifs financent la décontamination de l'eau.

Ce texte a t-il une chance d'être adopté ?

Le projet passera en premier le 4 avril, jour de la niche parlementaire écologiste à l'Assemblée, donc il est sûr d'être examiné. Pour l'adoption, les écologistes cherchent à convaincre des collègues d'autres groupes parlementaires.

Mais le gouvernement travaille aussi sur les polluants éternels. Il a commandé un rapport à un député de la majorité, l'élu MoDem du Rhône Cyrille Isaac-Sibille, dont certaines recommandations sont proches des propositions écologistes. Il y aura une réunion interministérielle jeudi 21 mars pour décider comment l'exécutif va se positionner sur le texte des verts, qui craignent "que le gouvernement refuse de leur donner une victoire politique". 

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