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Loi sur la sécurité globale : la guerre larvée entre Christophe Castaner et Gérald Darmanin

Cela tangue entre le ministre de l’Intérieur et le chef des députés En Marche. En cause, la proposition de loi sur la sécurité globale, votée demain à l’Assemblée nationale.

Article rédigé par franceinfo - Neïla Latrous
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le nouveau ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin (à gauche) s'exprime aux côtés du ministre sortant Christophe Castaner lors de la cérémonie de passation des pouvoirs au ministère de l'Intérieur à Paris le 7 juillet 2020. (THOMAS SAMSON / AFP)

"Le double jeu de Christophe Castaner a été délétère", grince un député. C'est peu dire que le débat sur l'article 24 de la proposition de loi sur la sécurité globale laissera des traces dans la majorité. Et entre Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, qui défend le texte, et Christophe Castaner, qui l'a précédé place Beauvau avant de devenir patron des députés LREM.

L'article 24 pénalise la diffusion malveillante d’images des policiers et gendarmes. Contesté par la presse, qui craint une atteinte au droit d’informer, il l'est aussi par une partie de la majorité. Ce ministre, par exemple, marqué à gauche, "saoulé" par un Darmanin "qui ne parle qu’à ses copains de droite, au risque de laisser une tâche indélébile" sur l’action gouvernementale.

"Bordéliser le groupe"

À en croire un cadre de la majorité pourtant, l'opposition au texte était marginale chez les marcheurs... jusqu’à ce que Christophe Castaner réclame une réunion d’urgence autour du Premier ministre. "Il a appelé Jean Castex en disant : 'Ça ne va pas du tout', alors que Gérald Darmanin discutait déjà avec Matignon d'amendements de repli" pour répondre aux mécontentements, confie un conseiller.

Selon un député, "Castaner a monté le truc en épingle pour bordéliser le groupe, y voyant une occasion en or de se faire Gérald". Car à en croire cet élu, qui échange avec les deux, "Castaner" ne veut pas que Darmanin réussisse là où il a échoué".

"Casta va nous emmerder"

Le premier a dû céder sa place au second lors du remaniement de juillet dernier. Le camp Darmanin appelle à se souvenir de l’état des relations en juillet entre l’exécutif et les forces de l’ordre. “Le dépôt des menottes, les policiers qui menacent d’exercer leur droit de retrait…” La relation aujourd’hui est plus apaisée.

Mais autour du ministre de l’Intérieur, l'on craint que le bras de fer avec Christophe Castaner ait une suite sur le texte de la "loi confortant les principes républicains", l'ex-projet de loi séparatisme. "Casta va nous emmerder", s’inquiète un proche de Darmanin.

Ce dernier échange déjà avec des députés prêts à s'organiser pour peser sur les débats à venir dans l’hémicycle et dans les médias. Avec un argument : impossible de caler sur un texte important pour le président à un an de la présidentielle. "Si nous loupons cette séquence régalienne, nous perdons l’élection", résume un macroniste.

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