Loi immigration : aider ou pas le gouvernement, le Sénat s’interroge
Une loi peut en cacher une autre... L'exécutif veut croire que comme sur la réforme des retraites, il est plus facile de composer avec les sénateurs. Et c'est donc au palais du Luxembourg que la loi immigration, portée par Gérald Darmanin et d'Olivier Dussopt commencera son parcours. Les deux ministres étaient d'ailleurs auditionnés mardi 28 février, dans la soirée, en commission. Et si le ministre de l'Intérieur a eu beau assurer qu’il était prêt à restreindre le regroupement familial, thème cher à la droite, la majorité sénatoriale, entre centristes et Les Républicains est pour l'instant divisée sur l'attitude à adopter.
Car, parmi les mesures-phares de la loi, le Sénat ne veut pas de la création d'un titre de séjour "métiers en tension", volet "social" de la loi, censée notamment satisfaire l'aile gauche de la macronie. "Ce n'est pas aménageable, le préalable, c'est le retrait", confie un sénateur. La question, ensuite, c'est par quoi la remplacer : là, il y a trois lignes, les conciliants, les durs, et... les très durs.
"Une chimère"
Certains sénateurs LR envisagent par exemple de laisser aux préfets la possibilité de régulariser par métier, au cas par cas. Gérald Darmanin n'aurait pas dit non, sauf que l'idée ne séduit vraiment pas le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau, qui ne veut pas non plus de quotas d'immigration. "Pour que ce soit efficace, il faudrait passer par la Constitution", juge un de ses proches. Bref, la majorité sénatoriale doit se réunir la semaine prochaine pour tenter de trouver des points d'accords. Et ce ne sera pas simple estime un stratège de la droite : "Retailleau veut montrer qu'il tient une ligne de fermeté, sur l'immigration et vis à vis de l'exécutif." Car c'est presque une question de principe : "Bruno n'est pas prêt à aider le gouvernement sur les retraites ET sur l'immigration", croit savoir un élu de droite.
D'ailleurs, un proche du patron des sénateurs LR le confie dans un sourire, évoquant Sacha Houlié, le président de la commission des lois de l'Assemblée, figure de l'aile gauche de Renaissance. "Un texte qui aurait l'accord de Retailleau et de Houlié, qui imagine ça ? Ce serait une chimère", sourit-on. En bon français, cela veut dire qu'il sera difficile de trouver une majorité sur le texte à l'Assemblée, de l'aile gauche de Renaissance jusqu'à la droite de LR. C'est ce que pressentait récemment un macroniste de premier plan : "C'est un texte radicalement à droite et radicalement à gauche, donc il ne sera pas facile à voter".
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