Le gouvernement dans la tourmente à cause de la loi immigration

La loi immigration a été votée par le Rassemblement national, un coup dur pour le gouvernement.
Article rédigé par Aurélie Herbemont
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Élisabeth Borne entourée de ses ministres, le 12 décembre 2023 à l'Assemblée nationale. (BERTRAND GUAY / AFP)

"L'annonce du vote RN a fait vriller tout le monde", selon un conseiller, avec un gouvernement qui vacille. Au point de voir des ministres menaçant de claquer la porte : Aurélien Rousseau à la Santé, Patrice Vergriete au Logement, Sylvie Retailleau à l'Enseignement supérieur. La pilule est aussi dure à avaler pour Rima Abdul Malak à la Culture, Roland Lescure à l'Industrie, Clément Beaune. Le ministre des Transports a d'ailleurs organisé un dîner mardi soir chez lui avec Roland Lescure, Sylvie Retailleau et Patrice Vergriete, et ensuite ils sont tous les quatre allés voir Élisabeth Borne à Matignon.

Des menaces sérieuses ou de simples coups de pression ? Difficile à dire car tout est extrêmement mouvant. Certains réfléchissent encore. Et leurs collègues n'y voient pas plus clair : "C'est très sérieux", disent les uns, c'était du "bluff pour faire retirer le texte", assurent d'autres. Les spéculations vont bon train avec autant de réponses que de personnes à qui vous posez la question : "Lui c'est sûr, il va partir", "mais non untel ne le fera jamais, en revanche je mise plutôt sur tel autre". Ambiance, certains conseillers ministériels à l'aveugle allant même à la pêche aux infos auprès des journalistes.

"Cette loi immigration, un échec sur toute la ligne"

En tout cas, le coup de pression a fonctionné puisqu'Emmanuel Macron a fait savoir tôt dans la soirée que si le texte passait grâce aux voix du RN il demanderait une nouvelle délibération. Mais depuis, il y a des querelles de calculs : à Beauvau on assure que c'est passé sans les voix du RN. "Ils nous enfument", fulmine un ministre. "On considère que si le RN, s'abstenait ça passait", réplique un conseiller, théorie qui ne convainc pas grand monde. Globalement au gouvernement personne n'est vraiment à l'aise avec ce qui se passe.

"C'est dur dur", avoue un conseiller. Mais un membre du gouvernement invite ses collègues à ne pas "rajouter de la crise à la crise, ce serait tomber dans le piège grossier du RN" alors que, selon lui, "toute l'énergie doit être consacrée à dénoncer l'imposture du parti de Marine Le Pen", qui, il y a quelques heures encore, considérait ce texte comme un appel d'air pour l'immigration avec des régularisations de travailleurs sans papiers. C'est là-dessus que le gouvernement fait feu désormais. "Le RN est malin, on n'est pas obligés de tomber dans le panneau", insiste un autre ministre. Hasard du calendrier : c'est mercredi soir qu'est prévu à Matignon le dîner de Noël du gouvernement autour d'Élisabeth Borne, avec les conjoints. Selon un conseiller ministériel, "ça risque d'être la soupe à la grimace". Avec une question : jusqu'à quand cette équipe gouvernementale sera en place ? "Ça ne pourra pas rester comme ça, parie un ténor macroniste, car cette loi immigration est un échec sur toute la ligne".

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