Fake news : comment la France tente de riposter aux manipulations en Afrique
Désormais, la guerre ne se fait plus uniquement sur le terrain, mais l’information est aussi devenue un champ de bataille. Une arme largement utilisée par les régimes autoritaires, Russie en tête. Objectif : déstabiliser ses adversaires en distillant de fausses informations. Comme d’autres démocraties, la France est touchée. Le ministère des Armées et le Quai d’Orsay renforcent donc leur dispositif.
Un exemple qui s’est déroulé en avril l’année dernière, au Mali. L’armée française a repéré des mouvements suspects sur une zone. Grâce à un drone, elle a filmé des hommes qui ont méticuleusement créé un charnier avec de vrais cadavres à Gossi. Dans la foulée, des vidéos ont été diffusées sur internet accusant l’armée française d’avoir massacré des civils. La France a rapidement riposté en déclassifiant ses images de drones. Une macabre tentative de manipulation qui aurait pu avoir de lourdes conséquences.
Paris attribue cette mise en scène au groupe de mercenaires russes Wagner. Elle rappelle évidemment la mise en scène de Boutcha en Ukraine. Mais cette guerre informationnelle touche aussi des intérêts français, l’opération Barkhane ou la lutte anti-terroriste.
"Guerre informationnelle" et "manœuvres d'information"
Car on parle bien de "guerre informationnelle", expression utilisée au ministère des Armées. Au ministère des Affaires Etrangères, on parle plutôt de "manœuvres d’information" mais le fond reste le même : il faut détecter, analyser et riposter si possible. Au Quai d’Orsay, il y a désormais une ambassadrice qui sillonne l’Afrique afin de répondre à ces manipulations. Il y a aussi un service d’une quinzaine de personnes qui coordonne la veille des ambassades à travers le monde.
Comment répondre en gardant des valeurs démocratiques ? "Il faut suivre les signaux faibles dans 50 langues différentes" précise la porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Quand c’est nécessaire, les réseaux diplomatiques relaient le fact-checking.
Des manipulations qui attisent le sentiment anti-français
Ces manipulations peuvent avoir un réel impact pour la France. En Afrique particulièrement, la montée d’une hostilité anti-française, des accusations de néo-colonialisme repris parfois jusque dans l’hexagone. Et on l’a vu souvent dans la foulée, des régimes qui se tournent vers de nouveaux partenaires. Comme par hasard, souvent la Russie.
La vraie difficulté, ce sont les limites que la France affirme se donner : ne pas répondre avec les mêmes outils. Les fermes à troll, les faux comptes... "C’est une guerre asymétrique" reconnaît un conseiller…
Une guerre qui demandera de plus en plus de moyens et selon nos informations, la prochaine loi de programmation militaire (LPM) doit sensiblement augmenter les budgets dédiés à cette guerre informationnelle.
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