Cet article date de plus d'un an.

Crise à l'hôpital : comment le ministre de la Santé veut s'attaquer aux médecins intérimaires

L’intérim médical est dans le viseur du gouvernement. Alors que le sujet est inflammable à l’hôpital, le ministère de la Santé prépare un plan de bataille. Le brief politique de Jean-Rémi Baudot.
Article rédigé par Jean-Rémi Baudot
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
François Braun, ministre de la Santé et de la Prévention, le 6 janvier 2023 à l'hôpital de Corbeil-Essonnes (Essonne). (LUDOVIC MARIN / POOL)

Ils sont parfois qualifiés de "mercenaires de la santé". Il s'agit de médecins qui travaillent en intérim à l’hôpital. Sur le principe, ils rejoignent ponctuellement des services en manque de personnels, mais, de plus en plus, certains profitent des pénuries de praticiens et font grimper les prix, avec des salaires, deux, trois voire quatre fois supérieurs aux titulaires. Toutefois, une loi encadre les salaires à l’hôpital, mais le texte n'est pas appliqué.

>> Crise de l'hôpital : ferme-t-on des lits à cause du manque de personnel, comme l'affirme le ministre de la Santé ?

En 2017, un décret a ainsi plafonné les revenus dans l’intérim médical autour de 1200 euros maximum pour 24 h. Puis, en 2021, la loi Rist a renforcé ce plafond. Mais comme le décret d’application de la loi n’a jamais été publié, c'est comme si la loi n’existait pas. À l’époque, le gouvernement avait reculé sous la pression des médecins de peur de bloquer les services hospitaliers. Un risque que s’apprête à prendre l’actuel ministre de la Santé.  

"Intérim cannibale"

En privé, le ministre François Braun parle "d’intérim cannibale". Il dénonce ainsi des pratiques qui ne sont "pas éthiques" qui, selon lui, déstructurent les services et pèsent sur les finances des hôpitaux. Une inquiétude d’autant plus vive que de nombreux soignants et infirmières aussi passent à l’intérim pour tenter de gagner plus. 

Ainsi, le ministre s’est mis en tête de faire appliquer la loi. Et selon nos informations, il promet de faire publier le décret de la loi Rist au printemps. Le risque est évidemment que les intérimaires ne veuillent plus travailler. Comprenez : risques de grèves, de pénuries de personnels et donc de fermetures de lits. Un risque politique, voire sanitaire. Mais, en coulisses, le ministre prépare son passage à l’acte : François Braun a prévenu les ARS, les Agences Régionales de Santé, afin de préparer des plans de continuité. "On anticipe tous les effets possibles", explique le ministère.

Un bras de fer de plus dans un secteur de l’hôpital en souffrance qui, d’ailleurs, ne règle en rien la question de l’attractivité de l’hôpital pour les soignants. Mais si, depuis des années, peu de gens s’émeuvent des différences de salaires entre les intérimaires et les titulaires, il est possible que le vent soit en train de tourner. Selon les informations de franceinfo, l’un des leaders français de l’intérim médical étudie l’arrêt de ses offres "médecins". Question d’éthique. "Le risque en termes d’images est trop grand", soufflait récemment l’un des patrons de ce groupe.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.