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Budget des communes : les maires demandent des compensations de l'État

Le ton monte entre les maires et le gouvernement. Les premiers demandent au second de compenser les coûts liés à la vaccination. L'exécutif reste flou sur les montants et le calendrier.

Article rédigé par franceinfo - Neïla Latrous
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le vaccinodrome du parc des Expositions de Bordeaux, le 20 avril 2021. (GUILLAUME BONNAUD / MAXPPP)

Depuis le début de l’année, les communes n’ont pas lésiné sur la dépense, pour mettre en place des salles de vaccination pour vacciner contre le coronavirus Covid-19 dans les petites villes et des vaccinodromes dans les plus grandes. L’État paie le sérum, les médecins et certains infirmiers, les collectivités le reste.

L’association des maires de France a listé les dépenses corollaires : le personnel administratif pour faire tourner les centres, les agents de sécurité 24h/24h pour veiller sur les doses, les frais de ménage, l’électricité, la restauration mise à la disposition des bénévoles de la Croix Rouge, et par endroits, le salaire de certains infirmiers, avec une différence de prise en charge selon que l’infirmier soit libéral ou hospitalier. Ça chiffre vite…

"L’État doit maintenant nous dédommager"

Or, la santé n’est pas une compétence des villes. Les maires disent : "On a voulu aider parce qu’il y avait urgence, l’État doit maintenant nous dédommager." André Laignel, premier vice-président de l’Association des Maires de France, évoque des sommes allant de quelques dizaines de milliers d’euros par mois pour les petites communes, à plusieurs centaines de milliers d’euros pour les plus grandes.

Dans une ville comme Béziers par exemple, ça représente, à en croire le maire, 620 000 euros de frais engagés depuis le mois de janvier. La semaine dernière, Robert Ménard a tout simplement envoyé une facture à l'Agence Régionale de Santé. Quelles sont ses chances d'être remboursé ? C’est là le cœur du problème.

L’AMF se plaint de n’avoir aucun engagement clair de l’exécutif, en dépit de demandes adressées à tous les ministères : Santé, Finances, Collectivités locales, et même le Premier ministre. "Ça fait un an que ça dure", se plaint un maire. Pourquoi un an ? Parce qu’avant la vaccination, il y a eu des dépenses liées aux masques et aux tests.

2,7 milliards d’euros de pertes

"En 2020, c’est 2,7 milliards d’euros de pertes", chiffre André Laignel à l'AMF, qui rappelle que les communes n’ont pas droit de surcroît au chômage partiel. Et que leurs recettes ont aussi pâti de la fermeture de services comme les cantines, la piscine, et d’autres installations sportives ou culturelles.

Il y a dix jours, lors d’un échange avec des maires, Emmanuel Macron a évoqué un accompagnement des collectivités. "Quand on pourra chiffrer ce qui s’est passé, il faudra un rendez-vous sur les finances locales. Pour les charges de guerre, les masques, les frais de fonctionnement des centres de vaccination, ça fait partie de la dette covid qu’on a contractée, on sera là pour vous accompagner", a promis le chef de l'État.

Si l'on écoute attentivement Emmanuel Macron, les compensations ne sont pas prévues pour tout de suite. Et cela se justifie, pour un ministre qui a vu tout rouge lorsque je lui ai posé la question de ces compensations : "En 1944, ces maires auraient donc demandé à De Gaulle de rembourser les frais de sandwichs de l’armée américaine ?" Le bras de fer entre exécutif et mairies ne fait que commencer.

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