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Au Rassemblement national, on veut convaincre Marine Le Pen d'abandonner la retraite à 60 ans

Tempête sous les crânes au Rassemblement national. Certains proches de Marine Le Pen veulent la convaincre de renoncer à cette mesure phare de son programme.

Article rédigé par franceinfo - Neila Latrous
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
La présidente du Rassemblement national Marine Le Pen s'exprime lors d'une conférence de presse au siège du parti à Nanterre, le 28 juillet 2020 (photo d'illustration). (CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP)

La retraite à 60 ans figurait dans le projet de Marine Le Pen en 2012 et en 2017. "Il faut qu’elle lâche ce mistigri, et elle est sur le point de", confie un membre du Bureau national de son parti. Pourquoi cette mesure en particulier ? D’abord parce qu'elle est compliquée à chiffrer, donc elle nuit à la crédibilité d’une candidate dont l'entourage reconnaît que l’économie reste le point faible.

"On sait par ailleurs que cette mesure coûtera extrêmement cher", explique un autre conseiller. Des marges de manœuvre existaient encore en 2017, quand la croissance dépassait les 2%. Ce sera plus difficile à vendre en 2022, avec une économie au mieux convalescente après le Covid-19.

Et puis surtout, la retraite à 60 ans, c’est un épouvantail auprès de l’électorat de droite, potentiel réserve de voix pour Marine Le Pen. Ce seuil d’âge la renvoie dos-à-dos avec Jean-Luc Mélenchon et le Parti socialiste, qui plaident eux aussi pour l’abaissement de l’âge de départ à la retraite. Le Rassemblement national (RN) a beau répéter que lui c'est la retraite à 60 ans, si et seulement si on a cotisé pendant 40 ans, ça n’imprime pas. "En politique, un principe qu’il faut expliquer n’est pas un bon principe", tranche un élu RN.

Des discussions internes sur la place publique ?

"Il y aura un arbitrage", confirme l’un de ses conseillers. Et la fenêtre de tir, ce sera le retour à l’agenda de la réforme des retraites promise par Emmanuel Macron. Pour beaucoup au Rassemblement national, ce sera l’occasion d’ajuster, d’actualiser la position du parti. Introduire plus de nuances, plus d’individualisation, en fonction des parcours et de la pénibilité par exemple.

Les dernières réticences de Marine Le Pen tiennent à la structure de son électorat actuel car la retraite à 60 ans, c’est un symbole adressé aux classes populaires. Mais certains craignent que la mesure devienne un fardeau, un peu comme la sortie de l'euro en 2017, que la candidate avait défendu bec et ongles, et qu'elle avait fini par abandonner à contretemps, tant la mesure inquiétait l'opinion.

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