Élections européennes : la solidité de la coalition de Giorgia Meloni à l'épreuve

En Italie, depuis octobre 2022, c’est son parti, Fratelli d’Italia, qui est au pouvoir, à la tête d’une coalition droite et extrême droite où figurent deux autres formations que parfois tout oppose. L'union ne sera pas facile lors de cette campagne.
Article rédigé par Bruno Duvic
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Giorgia Meloni, la présidente du Conseil italien, à Rome, le 10 novembre 2022. (FRANCESCO FOTIA / AVALON / MAXPPP)

Les élections européennes se dérouleront du 6 au 9 juin 2024 et, en Italie, les trois partis de la coalition au pouvoir siègent dans trois groupes différents au Parlement de Strasbourg avec des lignes politiques distinctes, voire opposées. Il y a la Ligue de Matteo Salvini, partenaire du Rassemblement national et des Allemands de l’AfD à Strasbourg et Bruxelles. Ils sont sur une ligne hostile à une Europe fédérale voire à l’Europe tout court.

Il y a Forza Italia, le parti de feu Silvio Berlusconi, aujourd’hui dirigé par l’ancien président du Parlement européen Antonio Tajani. La ligne de Forza Italia est sur une tendance exactement inverse de celle de la Ligue. Il siège au sein du PPE, le parti proeuropéen de la droite, aux côtés, par exemple, des Républicains ou des chrétiens-démocrates allemands. Et au milieu, Fratelli d’Italia, le parti de Giorgia Meloni. Elle avait fait campagne sur une tonalité antieuropéenne, mais depuis qu’elle est au pouvoir elle s’est plutôt placée dans les pas de Mario Draghi son prédécesseur, en maintenant pleinement l’Italie dans l’Europe.

La campagne pour les européennes a commencé et crée déjà des interférences. Le dernier exemple en date, c’est un vote, le 21 décembre, au Parlement de Rome sur le mécanisme européen de stabilité (MES), ce fonds qui permet d’intervenir quand un État est en difficulté financière. Il ne manquait que le feu vert de l’Italie pour valider sa réforme et l’élargir aux banques. Mais le Parlement italien a voté "non", sous pression de la Ligue, au grand dépit de Forza Italia. Giorgia Meloni, qui était violemment contre le MES pendant la campagne, et moins radicale depuis, a donné des gages sur ce coup-là à l’aile la plus radicale de sa majorité, au détriment de ses relations avec l’Union européenne.

Giorgia Meloni a donné des gages aux radicaux lors du vote sur le MES, mais, même si elle le voulait ce qui n’est pas forcément le cas, elle ne peut pas se permettre un tournant antieuropéen. Rome est le grand bénéficiaire du plan de relance européen mis en place après le Covid, l'Italie doit toucher 200 milliards d’euros qui sont débloqués par tranches, et le pays, très endetté, est aussi dépendant de l’application plus ou moins stricte des règles de bonne gestion européenne.

Fratelli d'Italia à 30% d'intentions de vote

Giorgia Meloni va donc naviguer à vue jusqu’aux élections. Elle aurait aimé reproduire à Strasbourg la coalition formée à Rome et être une des leaders d’une ligne conservatrice sur le continent. Mais c’est impossible. Le proeuropéen Tajani a déjà annoncé qu’il était hors de question de siéger aux côtés des amis de Marine le Pen et de l’AfD dont il qualifie certain de nazis. Tout au long de la campagne, elle va être soumise aux pressions contraires de ses alliés qui comptent bien sur les européennes pour retrouver de l’oxygène - ils sont aujourd’hui à moins de 10% dans les sondages. Fratelli d’Italia est à près de 30% d’intentions de vote.

Pour Giorgia Meloni, le scrutin européen, est l’occasion de renforcer son influence sur le continent, ce qui lui permettrait, par exemple, d’obtenir plus d’appui de l’Europe pour générer le dossier des migrants. En fonction des résultats de juin, poussée des partis nationalistes ou bons résultats de la droite proeuropéenne, elle essaiera de tirer le meilleur de ce scrutin.

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