À quelques mois des élections européennes, que change la victoire aux législatives néerlandaises du parti d’extrême-droite de Geert Wilders ?

Les Pays-Bas est l’un des pays fondateurs de l'Union européenne. Pourtant, la victoire surprise de Geert Wilders en novembre laisse planer l’incertitude sur un avenir commun. Car son parti, le PVV, prône tout simplement le Nexit.
Article rédigé par franceinfo - Jean-Jacques Héry
Radio France
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Le chef du parti d'extrême-droite néerlandais PVV, Geert Wilders, le 21 novembre 2023. (IMANE RACHIDI / EFE)

En fait, on ne sait pas trop à quoi s'attendre parce qu'il y a beaucoup d'inconnues dans l'équation. Effectivement, si l'on s'en tient au programme stricto sensu du parti de la Liberté (le PVV), le parti de Geert Wilders, il devrait y avoir, aux Pays-Bas, un référendum sur le Nexit, c'est-à-dire la sortie de l'Union européenne. Sauf que cela semble improbable car Geert Wilders ne va et ne peut pas gouverner tout seul. Certes il a gagné, mais sa formation n'a que 37 députés sur 150. Aux Pays-Bas, on vote en effet à la proportionnelle intégrale et il faut donc que le leader d'extrême-droite réussisse à construire une coalition gouvernementale autour de lui. 

Trois partis sont venus le rejoindre à la table des négociations : le Mouvement citoyen paysan (BBB) d'abord, puis le parti Nouveau Contrat Social, nouveau venu au centre-droit, et enfin le VVD, le parti libéral de Mark Rutte, Premier ministre sortant mais toujours en place en attendant la formation d'un nouveau gouvernement. S'il veut diriger le gouvernement, Geert Wilders devra faire des concessions, comme le rappelle Thijs Berman, ancien eurodéputé socialiste néerlandais.

"Tout dépendra de sa volonté de mettre ses idées les plus radicales ‘au frigo’, comme il dit."

Thijs Berman, ancien eurodéputé socialiste néerlandais

à franceinfo

"Au frigo donc, l’interdiction de l’islam, du Coran, l’idée d’arrêter complètement l’immigration et l’acceptation des demandeurs d’asile aux Pays-Bas, de sortir de l’Union européenne", énumère le socialiste.

Bref, un nouveau gouvernement aux Pays-Bas, ce n'est sans doute pas pour tout de suite. En 2021, il avait fallu 281 jours pour créer une coalition autour de Marc Rutte. C'est le record de longueur jusqu'à maintenant alors que les désaccords de fond étaient beaucoup moins importants entre les partis. Il y a donc une possibilité non négligeable qu'il n'y ait pas de gouvernement néerlandais avant les élections européennes de juin.

Ces élections européennes aux Pays-Bas s’annoncent d’ailleurs avec beaucoup d'interrogations. On ne sait pas sur quels thèmes elles vont se jouer et on ne sait pas non plus dans quelle proportion elles vont intéresser les électeurs néerlandais. Ce qui est certain, en tout cas, c'est que comme dans beaucoup de pays, dont la France, l'enjeu tournera autour du ras-le-bol des partis traditionnels et de la montée des eurosceptiques. 

Une frugalité annoncée

En revanche, on peut tenter d'esquisser l'attitude que pourrait avoir un gouvernement Wilders dans les discussions européennes, avec des Pays-Bas, qui de frugaux, pourraient devenir super-frugaux, craint notamment Thijs Berman. "Les Pays-Bas retourneront dans une position extrêmement réticente à dépenser plus que le strict nécessaire pour rester dans l’Union européenne. Il ne veut pas soutenir l’Ukraine, il s’oppose à toutes politiques concernant le climat et donc, les Pays-Bas se comporteront comme un pays qui freine une politique crédible à cet égard. C’est un grand risque pour la cohésion de l’Union européenne", observe l’ancien eurodéputé.

Sur la question ukrainienne cependant, là aussi Geert Wilders devra sans doute lâcher du lest. Le Parlement néerlandais a récemment confirmé sa volonté d'aider l'Ukraine, juste avant Noël. Les potentiels alliés de Geert Wilders se sont prononcés pour une aide à Kiev. Donc, si une coalition accueillant en son sein ces mêmes partis devait réussir à former un gouvernement autour du parti d'extrême droite, on voit mal les Pays-Bas poser son véto sur une aide européenne à Kiev. 

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