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Taux directeurs très bas : pourquoi c’est parti pour durer

Avec la crise du coronavirus Covid-19, les banques centrales du monde entier font tourner la planche à billet et inondent l'économie de liquidités. Avec des taux directeurs proches de zéro.

Article rédigé par franceinfo - Vincent Touraine
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Christine Lagarde, la présidente de la Banque centrale européenne, le 19 octobre 2020, à Saint-Ouen. (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

Christine Lagarde, patronne de la Banque centrale européenne (BCE) prédit une reprise économique "instable" dans la zone euro, même si un vaccin contre le coronavirus Covid-19 était découvert. Le signe, en somme, que nos économies seront dans le flou, dans l’incertitude, pendant plusieurs mois encore. Bien-sûr, Christine Lagarde reconnaît que des annonces comme celles de Pfizer sont "encourageantes" – et l’envolée des Bourses mondiales en témoigne – mais elle redoute que la reprise économique attendue ne soit pas linéaire, c’est-à-dire qu’elle subisse encore l’impact de nouvelles mesures de restrictions jusqu’à ce que le virus soit éradiqué.

Alors en attendant la fin de l’urgence sanitaire, et pour soutenir l’activité, la banque centrale promet une réponse "continue, puissante et ciblée". Cela signifie que la BCE va continuer à faire tourner sa planche à billets, pour inonder le marché de liquidités, nécessaires au financement de l’économie. Parallèlement, ses taux directeurs vont rester à zéro, voire négatifs, pour que les banques de détail – qui empruntent à son guichet – puissent en retour proposer des taux attractifs à leur clientèle, particuliers comme entreprises.

Les banques centrales en bouées de sauvetage

C’est ce que font toutes les grandes banques centrales à travers le monde, de la Réserve fédérale américaine à la Banque du Japon en passant par la Banque d’Angleterre. Toutes sont entrées dans l’ère de l’argent pas cher et elles ne sont pas prêtes d’en sortir. Cet argent pas cher, durablement, constitue une partie de la réponse aux difficultés de nos économies. Il est essentiel dans le contexte actuel, où plus que jamais, les banques centrales comme la BCE, agissent en véritables bouées de sauvetage.

Avec leurs plans de relance, les États ne peuvent pas à eux seuls redresser leurs économies. Ils ont besoin des taux planchers pratiqués par ces banques centrales pour s’endetter à bon compte, et financer leurs mesures de soutien, comme celles du plan français à 100 milliards d’euros. Cet argent abondant, c’est aussi ce qui permet aux banques commerciales de prêter aux entreprises et aux commerces en difficultés au travers des prêts garantis par l’État (PGE).

Mais à plus long terme, cette dépendance au crédit facile pose la question de la dette publique des États. Dans le cas de la France, elle pourrait atteindre 120% du PIB cette année, alors que l’addition de la pandémie risque encore de s’aggraver. Une dette qui continue de gonfler et que l’on met sous le tapis, faute de mieux… Et cela non plus, ce n’est pas prêt de s’arrêter.

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