Les magasins Marks & Spencer en France, victimes du cauchemar post-Brexit
"Goodbye", scones et bacon "made in England".... L’enseigne Marks & Spencer va fermer plus de la moitié de ses magasins en France. En cause, les formalités douanières liées au Brexit.
Le distributeur britannique Marks & Spencer vit un véritable Waterloo à l'envers. Il va fermer 11 de ses 20 magasins français, principalement situés en région parisienne, et ce d’ici à la fin de l’année. On parle d’une centaine d’emplois menacés. Seuls les Marks & Spencer présents dans les gares et les aéroports – gérés par Lagardère Travel Retail – ne sont pas concernés.
Pour justifier ces fermetures, Marks & Spencer invoque des difficultés d’approvisionnement en produits frais provenant du Royaume-Uni, ce qui est effectivement l’une des conséquences du Brexit. L’accord commercial signé le 24 décembre dernier entre le Royaume-Uni et l’Union européenne complique en effet considérablement les procédures d’importation des produits frais et réfrigérés. Depuis le 1er janvier 2021, l’Europe applique des contrôles sur les importations britanniques, notamment sur les produits frais et carnés, qui doivent passer toute une série de formalités, qui étaient quasi symboliques avant le Brexit. Désormais, tous les ingrédients d’origine animale, y compris le beurre des sandwichs, nécessitent un certificat vétérinaire.
Paperasse et retards de livraison
Pour le patron de Marks & Spencer, Steve Rowe, la coupe est pleine. Ses cargaisons doivent maintenant franchir les ports avec 700 pages de paperasse, dit-il, ce qui entraîne des retards de livraison de 24 heures en moyenne, voire davantage, quand les transporteurs manquent de chauffeurs. Mais au-delà de Marks & Spencer, il est peu probable de craindre des pénuries comparables liées au Brexit tant ce distributeur est un cas à part. Les supermarchés alimentaires britanniques en France ne sont quand même pas très courant. Si les étagères de certaines enseignes viennent à se vider, ce sera surtout à cause du Covid qui chamboule le commerce mondial.
En fait, Marks & Spencer est un cas d’école qui illustre les effets pervers du Brexit pour les Britanniques eux-mêmes. Depuis plusieurs semaines déjà, les supermarchés outre-Manche manquent de certains produits alimentaires importés d’Europe, preuve que le cauchemar logistique joue dans les deux sens. Et encore, Londres n’applique toujours pas de contrôles sur ces importations alimentaires, l’échéance doit d’ailleurs être repoussée au delà du 1er octobre - la date retenue jusqu’ici - pour que les entreprises aient plus de temps pour s’y préparer. L’objectif pour les Britanniques est aujourd’hui de limiter la casse, pour sauver les fêtes de Noël.
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