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Le nombre de salariés placardisés en France s’élève à 200 000, selon un rapport

C’est ce qui ressort du dernier rapport de l’Institut Montaigne. Ce cercle de réflexion libéral a mené l’enquête et chiffré le coût global de ces salariés maintenus à leur poste sans travail réel.

Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Un salarié devant son écran de travail. Photo d'illustration.  (JEAN-CHRISTOPHE BOURDILLAT / RADIO FRANCE)

Être "placardisé" est un sujet tabou à juste titre. Etre payé à ne rien faire, souvent pour pousser au découragement et au départ : cette situation n'a aucune existence officielle. Cette évaluation de 200 000 personnes concernées aujourd’hui en France est basée sur un sondage de l’institut Kantar sur le travail au XXIe siècle et reprise dans un rapport sur l'emploi des seniors de l'institut Montaigne. Elle concerne l’administration mais aussi les entreprises publiques et privées.

Les auteurs du rapport de l'institut Montaigne fixent cinq grands critères : l’absence de sens dans les tâches qui sont effectuées ; le retrait du collectif de travail et l’absence d’implication de l’intéressé dans la vie de ce collectif ; l’absence d’intérêt des rares tâches demandées ; une charge de travail extrêmement faible voire inexistante ; une absence de suivi par la hiérarchie directe du travail effectué et de contact régulier. Cela est contraire au Code du travail et peut être considéré comme du harcèlement moral.

La placardisation coûte 10 milliards par an

Selon l’étude, cet état de fait concernerait aujourd’hui environ 1% des salariés en France, les femmes étant plus touchées que les hommes. Selon l'étude, la placardisation coûte l’équivalent de dix milliards d’euros par an. Cela inclut les salaires versés, avec pour seul objectif de maintenir l’emploi même si celui-ci est sans intérêt, mais surtout la couverture sociale. La placardisation a des conséquences psychologiques importantes qui demandent un suivi médical pris en charge par l'assurance maladie. Les troubles psychologiques représentent aujourd’hui la deuxième cause d’arrêt maladie en France, et le phénomène ne cesse d’augmenter.

L’institut Montaigne préconise d’abord un état des lieux complet et officiel de la placardisation en France. Une analyse  qui associerait DRH (directions des ressources humaines), syndicats et médecins du travail. Il suggère aussi un aménagement des fins de carrière avec une réduction progressive du temps de travail et de la rémunération, ou encore une série de mesures avec pour contrepartie une indemnité de licenciement négociée en amont, ce qui existe déjà dans le secteur bâtiment. Une sortie en pente douce qui ne néglige aucun des facteurs humain et financier.

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