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Le livret A pour financer le nucléaire

L’État va piocher dans l’épargne du livret  A  pour financer le nucléaire. C’est une première.

Article rédigé par Fanny Guinochet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Des livrets A. (DENIS CHARLET / AFP)

Jusqu’alors, l’argent déposé par les Français sur leur livret A servait surtout à financer le logement social, la politique de la ville des collectivités. Là, le gouvernement envisage de flécher une partie des centaines de milliards d’euros que les ménages mettent sur ces comptes pour construire les futurs réacteurs nucléaires, les EPR nouvelle génération. Et pour cause, ces investissements coûtent de l'argent, beaucoup d'argent. Selon Eric Lombard, le directeur général de la Caisse des dépôts, pour construire six nouveaux réacteurs nucléaires – comme l’envisage Emmanuel Macron – cela signifie une facture autour de 60 milliards d’euros.

Concrètement, cela veut dire qu’une partie des fonds de la Caisse des dépôts financerait ce programme de construction qui risque de s’étaler sur dix ans au moins. Eric Lombard explique qu’aujourd’hui la Caisse des dépôts fait des prêts à plus de 80 ans sur le foncier, et elle pourrait donc bien en faire de la même façon, sur du très long terme, pour des centrales.   

Il y a en ce moment plus de 375 milliards d’euros sur les livrets A des Français. Il y a toujours l’épargne forcée, qui avait été placée pendant le Covid : les ménages qui avaient un peu de souplesse dans leurs budgets avaient économisé l’argent qu’ils ne pouvaient pas dépenser pendant les confinements et  depuis, il y a eu la guerre en Ukraine, l’inflation, l’incertitude… Autant d'éléments qui incitent les Français qui le peuvent à être prudents, à se créer des bas de laine en cas de coups durs. Le livret A reste le placement préféré des Français – 55 millions en possèdent un – surtout avec un taux relevé depuis le début du mois à 3%.   

Ce n’est qu’une piste pour le moment 

Il faut déjà que le Parlement confirme la proposition d’Emmanuel Macron de construire ces six nouveaux EPR. Politiquement, ce n’est pas si simple. La droite y serait certainement favorable; mais à gauche, cela risque de faire bondir les écologistes qui sont contre ces nouveaux réacteurs.   

Pour le financement, rien n'est acté, mais il est clair que le gouvernement préfèrera  s’adresser à la Caisse des dépôts, établissement public, bras armé de l'État, plutôt que de faire appel à des fonds privés.   

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