Le brief éco. Pourquoi l’Europe allège sa liste noire des paradis fiscaux ?
L’Europe réduit de moitié sa liste noire des paradis fiscaux. Huit pays dont le Panama, la Corée du Sud, les Emirats arabes unis ou la Tunisie, en sont retirés.
Deux mois seulement après l'avoir établie, l’Europe réduit de moitié sa liste noire des paradis fiscaux. Sur les 17 pays mis au ban, huit vont passer sur la liste grise, genre de sas de décompression. Visiblement les enquêteurs ont fait vite.
Le 5 décembre 2017, l’Europe, pour la première fois de son histoire, désignait 17 pays comme paradis fiscaux. Liste décidée dans le sillage d’une série de scandales d’évasion fiscale : "Luxleaks" en 2014, les "Panama Papers" en 2016 et, plus récemment, les "Paradise Papers", dont franceinfo avait révélé les menus détails en décembre 2017. Mardi 23 janvier, les 28 ministres des Finances européens ont retiré huit pays de la liste noire, le Panama, la Corée du Sud, les Emirats Arabes Unis, la Tunisie, la Mongolie, Macao, la Grenade et la Barbade.
Absence de transparence
Pourquoi Bruxelles s’est dépêché de retirer ces pays de la liste noire ? La question reste sans réponse. Tout juste explique-t-on que ces pays ont pris des engagements de bonne conduite, mais hors de question de rendre public ces engagements. Libre aux pays de le faire s'ils le souhaitent. Inutile de dire que cette cure drastique d’amaigrissement ne plaît pas aux organisations non gouvernementales comme Oxfam. L’absence de transparence pose problème. C’est d’autant plus regrettable que la liste noire établie par l’Union européenne était, aux dires de spécialistes, plus complète et plus réaliste que celle de l’OCDE. De plus, la Commission avait mis plusieurs années à l’établir en raison de la règle de l’unanimité qui prévaut en Europe.
Les pays remis en "liste grise" ne sont pas sortis totalement d’affaires pour autant. Encore loin du blanc immaculé de l’absolution, ils sont au purgatoire, et vont devoir prouver leurs arguments. Mais on se dit que pour certains, c’est un peu justice. Un seul exemple : était-il nécessaire et judicieux de mettre la Tunisie au même rang que le Panama ou Macao dans la liste noire ? Certes, le modèle de gouvernance économique et politique tunisien est loin d’être un modèle de vertu. Mais l’Europe ne devrait-elle pas considérer un peu mieux les efforts réalisés par ce pays depuis le Printemps arabe ? La Tunisie, comme d’autres, pour se relever, cherche à attirer les investisseurs étrangers. Il ne s’agit pas de relâcher la vigilance mais de ne pas accabler non plus un pays partenaire, sur l’autre rive de la Méditerranée, qui peut s’avérer précieux dans les grands débats actuels, géopolitiques et migratoires.
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