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Le brief éco. Nokia, histoire d’une longue descente aux enfers

Le patron de la branche française du groupe finlandais Nokia a rendez-vous, ce mardi, avec le secrétaire d’Etat à l’Economie, Benjamin Griveaux. Nokia prévoit près de 600 suppressions d’emplois en France d’ici 2019.

Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Cugny
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le site de Nokia à Saclay (Essonne). (THOMAS SAMSON / AFP)

Après les salariés de Nokia reçus à Bercy il y a quelques jours, le patron de la branche française du groupe finlandais a rendez-vous, ce mardi 19 septembre, avec le secrétaire d’Etat à l’Economie, Benjamin Griveaux. Nokia prévoit près de 600 suppressions d’emplois en France d’ici 2019 sur les sites de Saclay (Essonne) et Lannion (Côtes d’Armor).

Malheureusement pas une surprise.  Les 597 postes supprimés arrivent après une autre série de 400 depuis que Nokia a racheté Alctatel-Lucent l’année dernière. Le groupe finlandais a choisi de repositionner la France en pôle d’excellence sur la recherche et le développement autour trois axes : la cybersécurité, l’internet des objets et la 5G. Mais faire un peu d’histoire permet de comprendre la situation aujourd’hui.  Le rapprochement Nokia-Alcatel-Lucent devait permettre de rivaliser avec les plus grands équipementiers mondiaux des télecoms, notamment le chinois Huawei qui perce en Occident. En vain. Ce rapprochement, c'est surtout la conséquence de la lente descente aux enfers d'Alcatel qu'un ancien président, nommé Serge Tchuruk, avait marié avec l’américain Lucent au milieu des années 2000.

La greffe n'a jamais pris  

La direction de l'époque a littéralement raté le virage de la télephonie mobile, plongeant le groupe français dans le bain de la désindustrialisation. Mésentente totale entre le patron français d’Alcatel et son homologue américaine de Lucent, Patricia Russo, absence de vision stratégique. Dans les années 2000, Serge Tchuruk est le théoricien du concept de l’ "industrie sans usines". On voit le résultat aujourd’hui. Appelé à rescousse pour reprendre les rênes de l'entreprise en 2013, Michel Combes – aujourd’hui à la tête d’Altice-Sfr – a sauvé ce qu'il a pu, pilotant dès son arrivée le rapprochement dont on parle aujourd’hui.  

Le rôle de Bercy

Le ministère de l’Economie et des finances ne peut pas laisser faire. Le dossier est suivi en direct de l’Elysée. Hors de question que cette affaire Nokia ne soit le caillou de trop dans la chaussure d’Emmanuel Macron en cette rentrée sociale déjà compliquée. Le président de la République retrouve aujourd’hui sur son bureau de l’Elysée un dossier qu’il avait eu sur son bureau de Bercy lorsqu’il était ministre des Finances. C’est lui qui a donné son feu vert à la reprise d’Alcatel par Nokia, avec embauches à la clef promises par Nokia mais le compte n’y est pas selon les syndicats. A l’époque, certains observateurs ne s’étaient pas privés de clamer haut et fort qu’Emmanuel Macron avait agi en banquier d’affaires. Autant dire que tout sera engagé dans les prochaines semaines pour prouver le contraire.

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