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Le brief éco. Livraison de courses : Paris contre la légalisation des “dark stores”

La Ville de Paris monte au créneau contre la livraison ultrarapide de courses à domicile. Elle s’inquiète d’une possible légalisation de ce que l’on appelle les “dark stores” utilisés par ces livreurs, et qui fleurissent dans nos villes depuis le Covid-19. 

Article rédigé par franceinfo - Vincent Touraine
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 212 min
Un livreur du "dark store" Gorillas dans une rue. (KOEN VAN WEEL / ANP MAG)

Les "dark stores" – "supérettes de l’ombre" en français – ce sont un peu les bases arrières de ces sociétés de livraison de courses. C’est dans ces locaux, implantés au coeur des villes, que se trouvent tous les produits d’alimentation et du quotidien qu’elles vont ensuite livrer en un temps record, 10 à 15 minutes, jusqu’à tard le soir.

Vous avez peut-être déjà croisé ces livreurs nouvelle génération, qui s’appellent Gorillas, Flink, ou Getir. Les deux premiers sont allemands, le troisième est turc. Il y a aussi Frichti pour les livraisons de repas, là on parle plutôt de "dark kitchens". Mais à chaque fois, le principe est le même : des locaux situés au pied des immeubles, aux vitrines opaques, et qui ne sont pas ouverts au public. On les trouve non seulement à Paris et sa proche banlieue – qui en compte une centaine – mais aussi à Lille, Lyon, Bordeaux ou encore Marseille.

La ville de Paris inquiète

Ce qui inquiète Paris c’est un projet d’arrêté, émanant du ministère de la Transition écologique, et qui pourrait pérenniser ces "dark stores". Emmanuel Grégoire, le premier adjoint en charge de l’urbanisme de la capitale, s’en est ému sur Twitter ce week-end, estimant qu’un tel texte, dont il demande la suspension, légaliserait ces points de collecte en les assimilant à des commerces.

Réponse du ministre délégué à la Ville et au Logement, Olivier Klein : l’objet de ce projet est de mieux réguler les "dark stores", une concertation à ce sujet est d’ailleurs en cours. Depuis plusieurs mois, Paris mène une véritable croisade contre le développement de ces locaux qu’elle considère comme des entrepôts, et non des commerces. La ville accuse les acteurs du secteur de ne pas demander de changement de destination de leurs "dark stores" quand il s’agit d’anciens locaux commerciaux, conformément au code de l’urbanisme. Elle met aussi en avant les nuisances pour les riverains des va-et-vient des livreurs, et la concurrence déloyale faite aux commerces de quartier.

Pour leur défense, Gorillas et ses concurrents affirment qu’ils font aussi travailler des artisans locaux, et que leurs livraisons se font bien souvent à vélo, et non en camionnette, comme c’est encore le cas pour les livraisons de courses traditionnelles.

La Ville de Paris en a bien fait fermer une dizaine jusqu’ici, elle verbalise aussi les opérateurs pris en faute, mais sans grand résultat jusqu’ici. Les sociétés de livraison ont de gros moyens, elles comptent sur la lenteur des procédures, et le flou juridique qui les entoure. La Ville de Lyon, elle aussi vent debout contre les "dark stores", a les mêmes difficultés. Au final, c’est peut-être le marché qui de lui même fera le tri, comme bien souvent. Un marché déjà saturé, où il faut rester rentable, et qui commence à se concentrer : depuis le début de l’année, Gorillas s’est offert Frichti, et Flink a avalé Cajoo, son concurrent français. Aux États-Unis, la concentration est déjà bien engagée. Dans une ville comme New York, près de la moitié des acteurs du secteur avaient déjà fait faillite avant l’été.

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