Cet article date de plus de cinq ans.

Le brief éco. Les banques françaises regorgent de créances douteuses

Le phénomène pèse sur la rentabilité des banques, contraintes de renforcer leurs fonds propres, et fragilise l'ensemble du système bancaire.

Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Cugny
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Un distributeur automatique de billets à Locmaria-Plouzane (Finistère). Photo d'illustration. (FRED TANNEAU / AFP)

Cent vingt-quatre milliards d’euros : c’est le montant des créances douteuses accumulées par les banques françaises. Ce chiffre ressort d’une enquête que vient de publier le cabinet conseil Deloitte. L’expression "créance douteuse" prête à confusion. Dans le jargon bancaire, c’est ce que l’on appelle les "prêts non performants". Autrement dit, des prêts, des crédits qui ne sont pas remboursés par ceux qui empruntent.

Qui sont ces emprunteurs ? Ce ne sont pas de grands méchants financiers aux dents longues mais des entreprises, grandes et petites, beaucoup de PME en difficulté, ainsi que des ménages généralement surendettés.

La France haut placée dans le palmarès

La France est deuxième au palmarès en Europe devant l’Italie (140 milliards d’euros de créances douteuses). Arrivent derrière nous : la Grèce (83 milliards d’euros de prêts non remboursés), le Royaume-Uni (57 milliards) et l’Allemagne (33 milliards d’euros). Pour les banques françaises, les prêts non-performants représentent un peu moins de 3% des crédits accordés, mais la somme globale est loin d’être négligeable.  

Le système bancaire fragilisé 

Ce phénomène pèse essentiellement sur la rentabilité des banques et vient s’ajouter à une série d’autres facteurs handicapant comme la faiblesse des taux d’intérêt. Les taux bas, zéro, voire négatifs, ne rapportent rien aux banques qui prêtent de l’argent ; et des prévisions de croissance plutôt inquiétantes. Cette situation compliquée pousse les autorités monétaires à contraindre sans cesse les banques à garder dans leurs coffres plus d’argent qu’elles n’en ont d’engagé à l’extérieur, pour faire face en cas de crise. Elles renforcent ainsi leurs fonds propres et cela pèse lourd dans les bilans. C'est un peu la double peine pour les banquiers.

Un autre cabinet conseil, McKinsey, estime qu’une banque sur trois dans le monde est menacée de disparition dans les prochains mois. Sur 1 000 banques dont les bilans ont été passés au peigne fin, 350 établissements sont aujourd’hui subclaquants et mettraient la clef sous la porte en cas de violent retournement conjoncturel. 40% de ces établissements sont en Europe de l’Ouest.

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