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Le brief éco. Guerre commerciale de l’acier : Trump exempte l’Europe et s’attaque à la Chine

Donald Trump recule en exemptant l’Union européenne de taxes sur les importations d’aciers et d’aluminium vers les Etats-Unis. Il confirme une suspension provisoire jusqu'au 1er mai. Ces taxes devaient entrer en vigueur vendredi.

Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Cugny
Radio France
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Temps de lecture : 3min
Rouleau d'aluminium à l'usine Constellium à Biesheim (Haut-Rhin). (PATRICK HERTZOG / AFP)

Donald Trump fait donc marche arrière en exemptant l’Union européenne de taxes sur les importations d’aciers et d’aluminium vers les Etats-Unis. Vendredi 23 mars, le président américain a confirmé une suspension provisoire jusqu'au 1er mai. Ces taxes devaient entrer en vigueur ce vendredi 23 mars.

Bruxelles veut rester prudente, mais c’est une victoire pour l'Europe. Sur le plan commercial, les industriels peuvent souffler un peu. Victoire également de la Commissaire européenne au commerce, Cecilia Malmström, qui a eu des discussions intensives avec ses homologues américains mardi et mercredi lors d’un déplacement à Washington. Mme Malmström a brandi une liste de produits américains emblématiques qui risquaient d’être pénalisés en Europe si Trump mettait ses menaces à exécution : le beurre de cacahuète, le bourbon du Kentucky ou les motos Harley Davidson, des produits très chers à certains leaders Républicains (notamment au Sénat). Produits fabriqués dans des Swings States, ces états sensibles sur le plan électoral. Pour rappel, en 2002, Bruxelles avait fait fléchir Georges Bush en surtaxant le juteux business des oranges de Floride.

Pour les Etats-Unis, le danger vient de Chine

Donald Trump a-t-il perdu la face ? Le président américain s’est aperçu qu’il s’était trompé de cible, et qu’il n’avait aucun intérêt à se mettre à dos l’Europe, bassin de 700 millions de consommateurs potentiels. Donald Trump semble avoir enfin compris que le vrai danger vient de la Chine, avec qui les Etats-Unis accusent un déficit commercial de quelque 310 milliards d'euros. Jeudi 22 mars, le locataire de la Maison Blanche a signé un mémorandum ciblant l’"agression économique de la Chine", pour tenter de mettre un terme à ce qu’il qualifie de concurrence déloyale et de vol de propriété intellectuelle de la part de Pékin.

Depuis leur entrée à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en 2001, les Chinois n’ont pas fait ce qu’ils avaient promis en termes d’ouverture et de respect de la propriété intellectuelle. C’est sur ces points que Trump va attaquer.

Concrètement, 60 milliards de dollars (50 milliards d’euros) de mesures de rétorsions sont dans les cartons : droits de douanes, interdiction pour les Chinois de vendre sur le sol américain des produits très grand public, comme les smartphones, dont la technologie fait appel à la propriété intellectuelle.

Pour l’économiste spécialiste de la mondialisation et des accords commerciaux Lionel Fontagné, tout cela est prélude à une histoire très longue dans laquelle Donald Trump va s’en prendre à la Chine avec des armes de très gros calibre.

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