Le brief éco. Covid-19 : faut-il tenir la rigueur budgétaire malgré la crise ?
La rigueur budgétaire est-elle encore d'actualité en Europe en pleine crise ? La question se pose au moment où tous les États soutiennent leurs économies en déboursant des milliards d'euros.
"Nous sommes obligés de demander au Bundestag (le Parlement à Berlin) de nous autoriser à emprunter une somme inhabituellement élevée !" Cette déclaration est signée Olaf Scholz, le ministre allemand des Finances. Qui aurait imaginé, jusqu’à il y a tout juste un an, une telle déclaration publique de la part de celui qui incarne la stricte orthodoxie budgétaire dans la coalition gouvernementale d’Angela Merkel ? Ce que l’on appelle outre-Rhin "le frein à l’endettement" est inscrit dans la loi fondamentale allemande depuis 2011 mais aujourd'hui le concept fait pschitt.
Changement de politique ?
Olaf Scholz parle de "situation historique et exceptionnelle". "Contre la crise, nous n’allons pas économiser. Ne rien faire coûterait beaucoup plus cher", ajoute-t-il. Concrètement, l’Allemagne s’engage à gonfler sa dette de 96 milliards d’euros supplémentaires sur son budget 2021 après un montant record proche de 220 milliards cette année. La dette allemande devrait atteindre 75% de son PIB (richesse produite par le pays sur un an). En France, la dette de l’Etat atteignait déjà 100% fin septembre.
Attitude des autres capitales européennes
Prenons l'exemple du Royaume-Uni qui est déjà empêtré dans le Brexit. Le gouvernement britannique vient d’annoncer qu’il ne présentera pas de budget cet automne. Visibilité zéro, l’urgence est de préparer de nouvelles mesures de soutien à l’économie. Et la France dans tout cela ? Le gouvernement présente son projet de loi de finances 2021 lundi 28 septembre. Mais ce n’est pas le texte qui importe. C’est la philosophie. Le secrétaire d’État français aux Affaires européennes, Clément Beaune, insiste : il est hors de question de revenir aux règles de disciplines budgétaires en Europe telles qu’elles existaient avant la crise de la Covid-19. Qu’il y ait des règles budgétaires, d’accord. Mais il est urgent de les revoir. Le débat est ouvert, la pression monte.
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