Le brief éco. Bourse : pourquoi Altice dévisse
Le titre Altice plonge à la bourse et rien ne semble arrêter la descente aux enfers. La démission du patron de SFR, Michel Combes, a été annoncée tard dans la soirée de jeudi.
Rien ne va plus pour Altice, la maison mère de l’opérateur téléphonique SFR. Le titre plonge à la bourse et rien ne semble arrêter la descente aux enfers. La démission du patron de SFR, Michel Combes, a été annoncée tard dans la soirée du jeudi 9 novembre. Patrick Drahi, le fondateur d'Altice, reprend les rênes d'un groupe en pleines turbulences.
Davantage un limogeage qu'une démission
Michel Combes a été remercié une fois le travail accompli, dont un plan de restructuration qui s'est traduit par 5 000 départs sur les 15 000 salariés de l'entreprise. Présenté officiellement comme une démission, l'affaire ressemble pourtant davantage à un limogeage en règle, sous couvert d'une vaste réorganisation de la direction d'Altice. L'homme d'affaires Patrick Drahi, jusqu'à présent simple actionnaire principal du groupe multimédia, met les mains dans le cambouis en prenant la présidence du conseil d'administration. La direction opérationnelle de la filiale SFR est confiée à Alain Weil, encadré de deux hommes de confiance de Drahi. Une vraie reprise en main en pleine déroute boursière.
Coup de chaud boursier
La dégringolade dure depuis une semaine. Vendredi 3 novembre, le titre Altice s’est effondré de 22% à la bourse d’Amsterdam où il est côté : entre 5 et 6 milliards d’euros se sont envolés en une journée. Hier, jeudi, l’action perdait encore 10 % et ne vaut plus que 10 euros contre 28 lors de son introduction à la bourse d’Amsterdam en janvier 2014.
Les causes de la dégringolade
Les résultats en baisse au troisième trimestre figurent parmi les explications. Repli de 2 % du chiffre d’affaires à six milliards d’euros, traduction de l’essoufflement de l’activité du groupe sur ses deux principaux marchés : France et Etats-Unis.
Les investisseurs s’interrogent de plus en plus sur la capacité du groupe à remettre d’aplomb SFR qui assiste impuissant à la fuite de ses abonnés mobiles. SFR représente aujourd’hui la moitié du chiffre d’affaires d’Altice.
Jusqu’à présent, Patrick Drahi était encensé, aidé par les banques qui lui ont prêté beaucoup d’argent. Pour l’instant, ce sont les investisseurs qui manifestent leur humeur, pas les banquiers. L’empire Altice ressemble ainsi plus à une pelote de laine qu’à un château de cartes prêt à s’écrouler. Si on tire le fil central de la pelote, on découvre progressivement la construction de l’édifice : un groupe endetté à hauteur de 51 milliards d’euros, à force de rachats à tout va ces deux dernières années. En Europe, au Portugal, aux Etats-Unis, mais aussi dans les contenus : les droits de retransmissions de championnat de football, dans le cinéma, etc.
Stratégie de désendettement
Les problèmes rencontrés par SFR suscitent chez les investisseurs des interrogations quant à la stratégie de désendettement du groupe, qui plus est au moment d'une possible remontée des taux d’intérêt. Une hausse des taux rendrait le remboursement de la dette plus compliqué et les investissements dans la fibre plus chers. Si Patrick Drahi veut équiper la France entière sans un denier public, beaucoup d’observateurs aimeraient savoir comment.
Fini l’état de grâce pour Patrick Drahi ?
Il est trop tôt pour être aussi catégorique mais cette fois le coup de semonce est sévère. Un autre point interpelle : les limites du management à la Drahi. Une gouvernance faite de pression permanente qui use les hommes, dit-on à l’interne. Le directeur général de SFR, Michel Paulin – pourtant homme du sérail et fin connaisseur du secteur – en avait fait les frais au mois de septembre. Michel Combes devait donc être le suivant sur la liste.
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