Attaque de l'Iran contre Israël : le prix du pétrole baisse malgré les vives tensions au Proche-Orient

Avec l’offensive de l’Iran contre Israël, samedi 13 avril, tout le monde s’attendait à ce que les prix du brut s’envolent. Rien ne se passe comme attendu, comment expliquer ce paradoxe ?
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Les cours du pétrole baissent, malgré les tensions au Proche-Orient. Photo d'illustration. (GETTY IMAGES)

Si les cours du pétrole baissent, malgré les tensions, c'est tout simplement qu'il y a l’espoir d’un apaisement de la situation et des tensions entre l'Iran et Israël. Ces dernières semaines, le prix du baril était reparti à la hausse, car toutes les informations convergeaient : la République islamique se préparait à une attaque contre l’État hébreu. Vendredi 12 avril au soir, le baril grimpait jusqu’à 92 dollars, une première depuis fin octobre. Et puis, subitement, malgré l’offensive de l’Iran sur Israël dans la nuit du samedi 13 au dimanche 14 avril, le prix du brut est retombé en dessous des 90 dollars.

L’offensive de l’Iran contre Israël a beau être sans précédent – c’est la première fois que la République islamique envoie des missiles depuis son sol vers l’État hébreu –, Téhéran a très vite présenté l’opération comme une riposte justifiée à la frappe israélienne qui a détruit son consulat à Damas (Syrie), faisant 16 morts. Et, surtout, l'Iran a immédiatement affirmé qu’il n’y aurait aucune autre offensive. Le régime des mollahs a frappé en représailles, mais ne participera pas à un éventuel embrasement. Pour les investisseurs, cela est synonyme d’accalmie dans une forte tension. Donc, il n'y a pas de raison de surréagir en faisant flamber les prix du pétrole.

Le pétrole comme arme diplomatique

Ce calme, peut-il durer ? Tout dépend de la réaction d’Israël. Est-ce que le Premier ministre, Benyamin Nétanyahou, va engager une riposte à l’initiative iranienne ? Les investisseurs dans le pétrole viennent d’envoyer un signal très clair : tant qu’il n’y pas de riposte israélienne, la situation sera sous contrôle et le prix de l’or noir se maintiendra à un niveau raisonnable. En revanche, si le gouvernement israélien se lance dans une opération d’envergure contre Téhéran, la donne changera du tout au tout, et les prix du brut risquent de flamber pour de bon, avec toutes les conséquences possibles pour nous, consommateurs de carburants, à la pompe.

Selon les derniers chiffres disponibles qui remontent à 2022, l’Iran est le septième producteur mondial de pétrole et possède les troisièmes plus grandes réserves derrière le Venezuela et l’Arabie Saoudite. Mais, surtout, Téhéran dispose d’importants moyens pour perturber les marchés, notamment en interrompant le trafic maritime dans le détroit d’Ormuz. Ce qui, à terme, perturberait l’approvisionnement des pays occidentaux. Il y a une forte pression des pays arabes avec ce message : si le brut flambe de nouveau, ce sera la faute d’Israël qui aura riposté à l’Iran. Le pétrole montre ici tout son rôle diplomatique dans une géopolitique très économique.

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