Santé : une nouvelle classe d’antibiotiques découverte grâce à l’intelligence artificielle
Certaines infections à staphylocoques dorés résistent aux antibiotiques. On en dénombre 150 000 chaque année dans l’Union européenne entraînant 35 000 décès, selon les chiffres du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies. Et comme il n’existe aujourd’hui que peu de classes d’antibiotiques qui restent efficaces contre ces infections résistantes, la découverte [article en anglais dans la revue Nature] est prometteuse.
L’intérêt de l’intelligence artificielle ici, c’est d’avoir pu anticiper virtuellement, à partir de la structure chimique de dizaines de milliers de molécules, à la fois de possibles propriétés antibactériennes, et une toxicité ou non, sur les cellules humaines.
Comment des algorithmes permettent de tester des médicaments
Grâce aux algorithmes, des chercheurs du MIT et de Harvard ont ainsi pu tester 39 000 composés et passer en revue 12 millions de substances déjà disponibles dans le commerce pour tenter de voir s'il y avait, parmi elles, un potentiel nouvel antibiotique. Leur modèle a permis d’isoler deux molécules, qui ont ensuite été testées sur des souris et les résultats montrent que ces composés parviennent à diviser par 10 la présence de staphylocoques dorés résistants en cas d’infection.
Grâce à l’IA, ces chercheurs ont donc pu repérer une famille de molécules qui, jusqu’ici, n’étaient pas connue pour son activité antimicrobienne. Il reste encore plusieurs étapes d’essais cliniques, avant validation, mais cela ouvre de nouvelles voies pour la recherche pharmaceutique, et pas uniquement pour les antibiotiques d’ailleurs.
Lutter contre la surconsommation d'antibiotiques reste d'actualité
En attendant, la vigilance reste de mise concernant la surconsommation d’antibiotiques car à force d’être exposées à ses médicaments, les bactéries parviennent à développer des mécanismes de défense. Cette antibiorésistance est responsable de plus d’un million de décès dans le monde chaque année.
La parade est donc de lutter contre la surconsommation de ces médicaments qui sont, comme le rappelle régulièrement le ministère de la Santé, inutiles contre les maladies d’origine virale comme les rhumes, ou la grippe.
Et la France a encore des progrès à faire en la matière, car nous sommes les cinquièmes plus gros consommateurs d'antibiotiques en Europe. Nous en consommons trois fois plus qu’aux Pays Bas ou en Autriche.
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