Quand les stries des arbres racontent les aléas climatiques
Des chercheurs américains, dans les forêts des cyprès chauves, aux États-Unis viennent de le confirmer : les anneaux des arbres, nous renseignent non seulement sur leur âge mais ils permettent aussi de lire la météo du passé.
Chaque anneau, chaque cerne, correspond aux couches de cellules qui se développent chaque année, pour faire grossir le tronc et circuler la sève. Au XVIe siècle, Léonard de Vinci avait déjà fait le lien entre la largeur de ces cernes et des variations climatiques. Ce que différents travaux ont confirmé scientifiquement depuis. Tout récemment, des chercheurs américains de l’université d'Alabama viennent de montrer qu’il existe également un lien entre la survenue de ouragans et des anneaux supplémentaires sur le tronc d’arbre.
Les cyprès ayant affronté des ouragans avaient plus d’anneaux que leur âge. Les chercheurs ont pu le constater en prélevant des carottes très fines de la taille d’un stylo sur 120 cyprès chauves, qui poussent le long du golfe du Mexique. Ils ont constaté que les saisons marquées par le passage d’un ouragan apparaissaient parfois sous forme d’un anneau supplémentaire. Normalement, chaque nouvel anneau démarre au printemps et s'élargit jusqu’à l’automne. Mais en cas de fortes précipitations ou d'inondations – ce qui arrive en cas d’ouragan ou de tempête – l’arbre est trompé, il se croit au printemps et entame donc une nouvelle phase de croissance, d'où l'apparition d’un anneau supplémentaire. Ces chercheurs ont ainsi trouvé une corrélation entre ces cernes supplémentaires et la survenue depuis 1932 d’ouragans et d’inondations dans la région où poussent ces cyprès.
Des arbres qui permettent de remonter le temps
Cette découverte sert d’une part à étudier comment l’arbre parvient à résister au stress d’un ouragan. Car quand les scientifiques analysent la composition chimique de chaque strie dans les troncs d'arbres, cela donne des informations sur le fonctionnement physiologique de l’arbre à un instant T et donc sur sa stratégie de résistance aux intempéries. Surtout, en scrutant les troncs d’arbres, ces chercheurs américains peuvent lire la météo du passé et retracer la fréquence des ouragans sur les derniers siècles pour la comparer à celle qui apparaît avec le réchauffement climatique. Car aujourd’hui on sait par exemple que la saison 2020 avec 30 tempêtes dans l’Atlantique a été l’une des plus actives depuis 1850, mais il est difficile de savoir comment ça se passait avant. Prochaine étape donc pour ces scientifiques américains, emmenés par le géographe Clay Tucker, s'intéresser à des prélèvements d’anneaux d’arbres, qui ont plus de 1 000 ans, pour remonter dans le temps et compter les ouragans depuis l'époque qui correspond à la fin du moyen âge, chez nous.
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