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Les nouvelles règles mondiales de dépollution des paquebots de croisière ont-elles contribué à réchauffer le climat ?

Au moment où les océans sont en pleine canicule, la question met le web en émoi après la publication de plusieurs études.
Article rédigé par franceinfo - Bérengère Bonte
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Le "Aidaaura", un paquebot de croisière au port de Rostock en Allemagne, le 17 octobre 2019. (BERND WUSTNECK / DPA-ZENTRALBILD)

Peut-on lutter à la fois contre le soufre et contre le CO2 ? La question illustre toute la complexité de la préservation de l'environnement. La revue Science a publié il y a quelques jours un condensé des études réalisées sur les nouvelles règles de carburants des paquebots entrées en vigueur en 2020. L'objectif était de réduire les rejets de soufre très dangereux pour la santé des populations portuaires. Une étude montrait que les 94 navires du leader mondial de la croisière de luxe, Carnival Corporation, asphyxiait les côtes européennes en émettant dix fois plus de dioxyde de soufre que les 260 millions de voitures de tout le continent. Les décès prématurés étaient évalués entre 19 000 et 91 000 au niveau mondial. 

Soufre et risque sanitaire 


La complexité vient du fait que le soufre a par ailleurs un effet bénéfique : son pouvoir refroidissant. En brulant dans le fuel, il crée une sorte de nuage de particules fines qui masque le réchauffement climatique, au point que certains imaginent d'en pulvériser volontairement dans l'atmosphère pour la refroidir. Néanmoins, si l'Organisation maritime internationale a demandé aux navires d'en rejeter moins, c'est à cause du risque sanitaire. Cela n’aurait donc pas de sens. En fait, ce mécanisme est connu depuis longtemps mais il ressurgit cet été à cause de la canicule qu'on observe dans plusieurs océans cet été. Est-elle est due au fait que les bateaux rejettent moins de soufre ? Quand on écoute Copernicus, le groupe européen de surveillance de l'atmosphère, c'est beaucoup trop tôt pour le dire. Du côté du GIEC, François Gemenne, l'un de ses auteurs, rappelle que la canicule dans l'atlantique nord est essentiellement due au changement climatique, au retour d'El Nino, et à l'éruption d'un volcan dans le pacifique sud. 

>> Pollution : pourquoi les "scrubbers", ces filtres de paquebots de croisière, sont-ils dans le viseur des défenseurs de l'environnement à Marseille 


Dans une étude fin juillet, un climatologue américain de Floride, Michael Diamond, avance quand même un chiffre. L'effet réchauffant des nouvelles règles maritimes serait de 0,1 Watt/m2 au niveau mondial. L'ensemble des activités humaines générant 2,7 Watt/m2 (source GIEC). Tout cela nous rappelle qu'on a parfois plusieurs objectifs contradictoires. Pour prendre un autre exemple, les barrages sont bon pour le climat mais très mauvais pour la biodiversité. Finalement, la seule façon de lutter à la fois contre le souffre et contre le CO2 : c'est d'utiliser moins d'énergies fossiles. 

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